Bobby Caldwell

Bio

Romantique devant l’éternel, l’infatigable crooner séducteur nous a quittés un peu discrètement le 14 mars 2023 après une carrière remplie de 17 albums et presque 40 ans  à composer et chanter l’amour en mode soul/R&B puis  jazz vocal. Peu connu en France, Bobby Caldwell a démarré sa carrière aux Etats Unis en 1978 avant de s’imposer au japon comme une star internationale, où son look séduisant et son chapeau 'borsalino' ainsi que l’aspect art déco minimaliste de ses pochettes album ont contribué à façonner son image d’éternel dandy de la scène musicale A.O.R tendance light mellow.

Robert Hunter Caldwell alias Bobby Caldwell est né le 1 Aout 1951 à New York, mais a grandi à Miami où il a baigné tôt dans les musiques latino, R&B, jazz vocal et Reggae... il était ami avec Bob Marley ! Il apprend la guitare, la basse et le piano. A 17 ans, il joue dans un groupe à Las Vegas mais déménage à Los Angeles. En 1978, il signe avec le label TK records pour son premier album finalisé in extremis avec le titre "what you won’t do for love".
Le label TK records d’ordinaire réservé aux productions de musiques Afro-Américaines, Bobby Caldwell est anonymé sur la pochette comme une ombre sur un banc sur fond bleu…c’est au moment de la promotion de l’album à l’occasion de la tournée de Natalie Cole, que le public découvre médusé qu’il est blanc. "what you won’t do for love" atteint la 9ème place du billboard pop, se classe 6ème dans les charts R&B et 10ème dans la catégory Adult contemporary. L’album éponyme est certifié double disque de platine aux Etats Unis et au japon. Ce hit est devenu un classique repris par de nombreux artistes depuis.
Suivront les albums « cat in the hat » en 1980, puis « carry on » qu’il produit lui-même en 1982 chez son nouveau label Polydor records. A partir d’« august moon » en 1983, ses albums ne seront qu’édités qu’en pressage japonais. C’est au japon que désormais Bobby concentre le plus de son énergie à promouvoir ses albums au gré des tournées. L’album « heart of mine » qu’il sort en 1989 contient le hit qu’il partage et qu’il a composé pour Al jarreau  "all or nothing at all" sur l’album « heart horizon » de ce dernier. Dans décennie 90, Bobby Caldwell s’orientera vers la smooth jazz puis plus tardivement vers le Big Band/jazz vocal en hommage au « Rat Pack » de Frank Sinatra alors que sa musique est régulièrement samplée par des rappeurs. Bien que sa carrière soir irrésistiblement associé à son premier hit, Bobby Caldwell a démontré ses talents d’écriture et d’interprétation sur nombreux registres musicaux qu’il a illuminé de sa voix de black qui sonne comme le bleu ciel de ses yeux. La musique de Bobby Caldwell a été un crossover de soul/R&B et de pop et un lien intercommunautaire entre des générations d’artistes d’hier et d’aujourd’hui. Sa vie n’a peut être pas été un chemin de croix, mais il a grimpé sa colline verdoyante pour observer le soleil se coucher.

Discographie vinyle

Mon avis : Si Bobby Caldwell était noir, on pourrait classer son album dans la catégorie soul/R&B mais comme il est « blanc », on peut être influencé à la classer dans le genre pop, westcoast quoi qu’il soit. “what you won’t do for love”, “down for the third time” échappent à ce dilemme ; grooves tranquilles et sensuels sur un mode rythmique mi-tempo, le premier est un hit incontournable du répertoire de Bobby, l’autre, ainsi que l’interlude instrumental “kalimba song” » rappellent les sonorités percussives de T CONNECTION de leur période TK. "take me back to then" interprété sur un mode pop brouille les cartes. “special to me” et “love won’t wait” sont des feel good morceaux instrumentalement joués et chantés en mode disco de croisière. “my flame” “can’t say goodbye” jouent aussi sur celte ambigüité pop ou soul/funk qui n’en est plus une si l’on accepte que la pertinence des grand artistes est de s’émanciper de ces classements et de promouvoir un répertoire auquel on peut les identifier. C’est presque réalisé par Bobby Caldwell mais il reste encore une marge de progression pour se singulariser définitivement des multitudes productions de son époque.

Mon avis : Auteur, compositeur sur la totalité des titres, Bobby Caldwell a réunit une équipe de musiciens chevronnés pour mettre en musique une vision poétique du son californien avec son lots de marqueurs identifiés ; un Rhodes cristallin éclatant, des cuivres énergiques et des cordes épiques. Il ajoute un xylophone marimba à l’instrumentation comme sur “sunny hills”, ce qui renforce l’aspect magique de ce titre mi- tempo. On est séduit par la qualité d’enregistrement qui met en valeur la spatialisation des instruments tout entièrement mis au service de la voix de crooner de Bobby qui réinterprète plus qu’il ne se réapproprie les styles musicaux de son époque. « carry on » ne renferme pas de hits consensuel, n’a ni la prétention de vous faire danser le funk et encore moins d’impressionner avec des solos virtuoses de jazz fusion ; ce sont des musiques qu’il effleure sans pleinement y adhérer ne restituant que leurs marqueurs sonores les plus élégants. C’est Bobby Caldwell la star, la musique lui tout entière consacrée. C’est l’apanage des grands crooners.

Mon avis : Après 5 ans d’absence, Bobby Caldwell revient avec son nouvel album studio. Rarissime en Lp, car pressés en quelques dizaines d’exemplaires (sans marketing de pochette) à destination des radios japonaise, « heart of mine » tient il la promesse, est il à la hauteur de l’attente de ces fans ? Oui et non. L’album démarre avec “heart of mine” ; ballade sentimentale en mode FM ; guitare strate et claviers dernier cri, la mélodie est poignante, Bobby est toujours aussi amoureux ou inspiré, on s’en réjouie. “real thing” est un titre quiet storm mi-tempo, style de prédilection des albums de Bobby. “next time I fall” est aussi encombré de claviers que les titres les plus indigestes du groupe CHICAGO. “all or nothing at all” ressemble beaucoup à la version présente sur l’album de Al Jarreau mais sonne moins acoustique mais plus démo à cause à la programmation synthétique de la batterie. C’est à ce niveau que « heart of mine » failli, il sonne comme une superbe démo numérique qu’un surcroit de filtres a rendue trop propre s’éloignant des standards analogiques en matière d’enregistrement. La face 2 sert avec “in the name of love” , “even now” et “first time” le style mi-tempo sur lequel Bobby excelle. Avec le meilleur de son enthousiasme, la meilleure des inspirations, le ciselé de son interprétation, il ne parvient pas à masquer que les titres ne sont pas tout à fait finalisés en studio. Si l’on n’est pas trop exigeant, on peut continuer à aimer ou rêver sur les airs romantiques dont Bobby en a le secret.