« La fusion du jazz et du funk était une évidence pour ces artistes pionniers afin qu’ils expriment leurs créativités festive de leur époque sans reniement des exigences de la technique ni même de l’âme jazz qui les envoûte»

Lonnie Liston Smith

lonnie liston smith

BIO

Quelle vie que celle vécue par Lonnie Liston Smith depuis sa Virginie natale où il a vu le jour le 28 décembre 1940 à Richmond. Il a vécu et parcouru presque qu’un siècle dans une Amérique où les grands bouleversements sociétaux et idéologiques ont eu forcément un impact sur l’évolution de la musique, dont le jazz et ses dérivés pour lesquels il a œuvré toute sa vie. Pourtant issu d’un environnement familial animé par le Gospel, son père était membre d’un groupe local et recevait de nombreux musiciens à la maison. Il a pu ainsi apprendre le piano, le tuba et la trompette, puis se perfectionner à l’école jusqu’à l’université où il obtient une licence d’éducation musicale à l’université Morgan de Baltimore en 1961. Lonnie Liston Smith avoue avoir été largement influencé par ses ainés du jazz ; Charlie Parker, John Coltrane et Miles Davies. Au début de la décennie 1960, il se produit comme musicien au coté de Gary Bartz et d’autres musiciens de jazz. Sa carrière de musicien démarre véritablement quand il déménage à New York ; où il côtoie les grandes figures du jazz local, soit comme pianiste accompagnant ou membre à part entière de diverses formations au coté de Betty Carter, Roland Kirk et Art Blakeys.

En 1968, sa rencontre avec Pharoah Sanders fut déterminante. Sous son influence, ils poussent l’exploration du jazz dans les frontières encore inconnu qu’on appelle aujourd’hui le free jazz. Trois albums solos sont aujourd’hui considérés comme des reliques de jazz fusion. C’est aussi à ce moment que Lonnie découvre le Fender Rhodes®, c’est une révélation pour lui et le saint graal pour tous les musiciens de jazz fusion qui s’initie au potentiel de ce célèbre piano éléectrique. En 1970, Lonnie Liston Smith rejoint Gato Barbieri, un adepte argentin de free jazz, pour quatre albums studio. En 1973, Lonnie Liston Smith fonde le groupe COSMIC ECHOS avec Cecil McBee, à la basse, George Barron (soprano and tenor sax), Joe Beck (guitare), David Lee, Jr. (batterie), James Mtume (percussion), Sonny Morgan (percussion), Badal Roy (tambour), et Geeta Vashi (tamboura).
Lonnie Smith and THE COSMIC ECHOS se veut un groupe de « free jazz » inspiré par la méditation et la spiritualité. Six albums studio seront produits entre 1973 et 1976 par Bob Thiele. Ils prolongent l’œuvre de Lonnie ou font la transition entre le free jazz méditatif et le jazz fusion presque académique. Les musiciens qui l’accompagnent où qui sont crédités sur les albums vont et viennent, car les membres ne sont pas fixes, THE COSMIC ECHOS pouvant être considéré comme une école de jazz fusion où de jeunes musiciens, adepte de ce tout nouveau courant de jazz, accompagnent leur mentor charismatique : Lonnie Liston Smith.
A partir de 1978, Lonnie Liston Smith migre vers le label Columbia pour quatre albums sans le logo « cosmic echos ». Ces albums co-produits par Bert de Coteaux et Lonnie Liston Smith reviennent à un style plus académique et structuré dans le registre jazz funk. Ils renferment de nombreuses collaborations avec des musiciens désormais célèbres ; Marcus Miller, Steve Thornton, Ronald D. Miller qui feront par la suite carrière comme musiciens de session dans la smooth jazz ou le funk. C’est le sommet artistique de sa carrière d’artiste, qu’il prolonge jusqu’au début des années 80 avec encore un ou deux albums solo emblématiques de son style, qui tend à présent vers la soul jazz, puis le jazz funk. Un peu moins actif en studio dans la décennie 90 avec seulement deux albums originaux, il revisite cependant peut être avec nostalgie mais surtout l’envie de transmettre ses « classiques » au travers de nombreuses collaborations avec des artistes du hip hop ou d’ailleurs.
En 2023, son nouvel album en 25 ans, nommé « JID017 » sous le nouveau label « jazz is dead » est un pied de nez en trompe ouïe à ceux qui pensent l’avoir enterré. Ce label est un tremplin pour les vétérans de la souljazz, de la fusion ou de jazzfunk pour se remettre en selle dans un univers musical à l’ère du téléchargement et de la promotion numérique. Lonnie a décidément une aura…cosmique.

DISCOGRAPHIE vinyle

  • Astral Traveling (Flying Dutchman 1973)
  • Cosmic Funk (Flying Dutchman 1974)
  • Expansions (Flying Dutchman 1974)
  • Visions Of A New World (Flying Dutchman 1975)
  • Reflections Of A Golden Dream (RCA 1976)
  • Renaissance (RCA 1977)
  • ● ● ● / ● ● ●
  • Silhouettes (Doctor Jazz 1984)
  • Rejuvenation (Doctor Jazz 1985)
  • ● ● ● / ● ● ●
lonnie liston smith - loveland
Face 1 Face 2
sunburst we can dream
journey into love springtime magic
floating through space loveland
bright moment explorations

Mon avis : En poussant le tremolo et la reverb de son Fender Rhodes, Lonnie entretien une atmosphère ésotérique mystérieuse sur ses titres qui peut séduire les amateurs d'"easy listening" mais rebuter les puristes de jazz fusion. Certes, les envolées sont planantes, la technique est présente mais les solos de piano électriques ne s'accordent pas toujours parfaitement avec le fond rythmique de guitares (cocotte et wah wah ) et de basse vaguement disco-funk sur les titres instrumentaux ou l'interprétation soul des titres chantés par Donald Smith. Un ingénierie de son insuffisamment étendu, crée une fausse dynamique qui nivelle trop les instruments, grosse erreur dans le jazz, artifice efficace dans la funk.

lonnie liston smith - exotic mysteries
Face 1 Face 2
space princess singing for love
quiet moment mystical dreamers (A tribute to Miles Davis)
magical journey twilight
exotic mysteries night flower

Mon avis : la qualité d'enregistrement est amélioré par rapport à "loveland", les sons instrumentaux sont détaillés, ce qui permet à Lonnie Smith et son nouvel ingénieur du son, David Wattman d'ajouter sans encombre des pistes de cuivres et de cordes pour enrichir le  contenu. les percussions plus travaillés sont plus audibles et le Fender Rhodes est mis moins en avant. Sur le fond, la mixture entre jazz, funk et soul se fait mieux sur la variété des titres et non plus sur un morceau. Chaque titre perd en accroche, mais l'album gagne en maturité, donc les auteurs en professionnalisme. "exotic mysteries" peut plaire à tout public, car il en donne à chacun dans le genre qu'il préfère. les fanas de Rhodes Mark I en auront aussi pour leurs oreilles.

lonnie liston smith - song for the children
Face 1 Face 2
a song for the children midsummer magic
a lover’s dream nightlife
aquarian cycle a gift of love
street festival fruit music

Mon avis : le titre de l'album "a song for the children" annonce une couleur soul funk à l'album qui rappelle les meilleurs productions Motown de cette époque. C'est intelligent pour Lonnie Liston Smith et désormais ses musiciens de sessions de revenir à des fondamentaux, comme positionner clairement ses titres dans dans un genre ou un style clairement identifiable. Bien évidemment, comme on ne change pas sa nature de musicien, Lonnie nous sert encore son Fender Rhodes, mais avec moins de reverb et plus de modulation pour durcir la note et sortir un peu des ambiances retro . Les percussions sont mises en avant dans les intro est marqueur de funk assumé. Lonnie Liston Smith s'est débarrassé sur la forme et le fond des echos cosmiques qui ont fait sa renommé dans les années 70. L'époque est ingrate pour les puristes, évoluer avec son temps et embrasser les nouvelles tendancesest un impératif pour les artistes qui veulent durer. les opportunités musicales peuvent être vu comme une source d'explorations, Lonnie n'a pas failli à cette règle et l'esprit du jazz c'est aussi là.

Créez votre propre site internet avec Webador