"le Funk était leur A.D.N. Précurseurs ou suiveurs, ils sont restés fidèles à la musique qui les, nous faisait vibrer."

ATENSION /JOE PUBLIC

ATENSION - JOE PUBLIC

BIO

A la fin des années 80, Kevin, Jake, J.R., Ike, Dew et Nate, six jeunes gens de Buffalo ; État de New York, fondent ATENSION ; une formation d’ ”urban" funk. Avant cela, ils ont participé à un concours local "battle band" où il sont repéré par Lionel Job qui décide de devenir leur manager. Cette association débouche sur un album en 1989 ;« D.O.A. (Def On Arrival) » qui vient concrétiser leur aspiration à renouveler le genre par un usage brutal et mixte d’instruments électriques funk ; guitare, basse, batterie et de boites à rythmes.

Deux singles sortent « crasy about you » et « let me push it to ya » qui, en dépit d’un accompagnement vidéo relativement bien marketé vers un public jeune et urbain, ne décollent pas dans les classements, ni ne pousse l’album, pourtant excellent, à se vendre. En 1991, le groupe se rebaptise JOE PUBLIC en se délestant de Nate et de Ike, respectivement chanteur et batteur dans la formation précédente. Ce repositionnement stratégique et musical vers le New Jack Swing ; entre hip hop et de R&B revisité, va être payante sur le plan commercial, puisque l’album éponyme qui suit quelques semaines plus tard le 1er single « live and learn » se classe 23ème des charts R&B. De nombreux singles entretiennent à la fois un succès populaire et d’estime pour ce groupe enjoué et jovial qui préfigure la mode des "boys band". Mais JOE PUBLIC n’est pas une formation issu d’un casting, ils sont de véritables artistes qui composent, jouent et arrangent leur titres auxquels ils incorporent de nombreux "sampling". Peu avant, Keith Sweat, considéré comme l’un des inventeurs du New jack, collabore avec Joe Public pour « keep it comin’ », single gagnant de l’album du même nom.
En 1994, Joe Public réitère avec « easy come, easy go » ; à la fois 1er single et ballon d’essai de leur second album qui suit. Tout effort de marketing visuel ou commercial ne peut combler la faiblesse de ce titre. Avec une production soignée encore assurée par Lionel Job, l’album « easy come, easy go » qui semble plus réchauffer le concept que de réinventer autre chose ne renouvelle pas l’intérêt. C’est un relatif échec commercial qui marque la fin du groupe. Il y a une chose nouvelle dans la politique des maisons de disque de cette décennie, c’est qu’ils ne prennent plus de risque ! Joe Public oublié est dorénavant une mine ou beaucoup d’artistes y puisent des idées sans que cela ne se sache !  

Discographie

Mon avis : Le marketing de la pochette est assez évocatif de l’univers de Atension, un funk féroce et sans concession ; basé sur une boite à rythme bruyante mais entraînante. Un esprit rock assumé, l’ambition de D.O.A., risqué, peut être illustré par le dicton « monkey see, monkey do », dont la traduction « singe qui voit singe qui fait » signifie de manière implicite que les idées et les rouages harmoniques retenues pour l’album peuvent déplaire par leur aspect syncopé ou au contraire stimuler par leur phrasé percutant. « love is all we need » est la seule lueur d’espoir dans cette gravité pesante et urbaine comme une ballade sentimentale au milieu de titres rageurs. Lionel Job était sans doute celui qui était le mieux à même de canaliser le jeu fougueux du groupe vers une orientation funk urbain avec sous certains aspects une coloration rock assumée. L’album n’a pas trouvé son public comme une musique qui n’a pas trouvé son oreille. Les grosses ambitions ne font pas les succès mais ils forgent les référents de demain. Aujourd’hui « Def On Arrival » est un ovni.


Mon avis : Exit Nate et Ike, pour un groupe plus resserré autour d’un projet cette fois à 90% New Jack mais avec un esprit funk en filigrane. Les sonorités rock sont supplantés, modernité oblige, par des sampling de nombreux titres originaux et rétro de HEATWAVE et de James Brown. L’esprit funk rude de Atension est conservé mais la rage fait place à une forme de revendication sociale et générationnelle plutôt bon enfant. La mise en musique se fait plus arrondie avec une simulation acoustique de la batterie, d'une vrai wah wah guitare, par une programmation des claviers plus fluide et discrète. Des alternances rap/funk dans l'alternance des couplets et refrains, des effets sonores et de solos guitares donnent un punch maitrisé qui vise juste. Le jeu de basse de kev est bluffant ; elle se fait plus profonde et structurante. Mis à part, deux ballades « I miss you » et « when i look in your eyes »;  la première est poignante et la deuxième plus joyeuse, le contenu de l'album est entièrement orienté vers le groove avec des accents de New Jack. S’il existe un album passerelle entre le funk et le hip hop, c’est celui là. Les 10% restant est ce R&B que l’on devine au détour d’un refrain ou d’un solo aux claviers ; comme une influence lointaine qui ne disparaît jamais complètement ; c’est l’âme enfoui de JOE PUBLIC. Il est l’inspiration éternelle de la black exploitation.

Qu'est devenu JOE PUBLIC?