"Ils puisent leur inspiration dans leur foi pour nous offrir le meilleur d'eux même en Musique Chrétienne Contemporaine»

Philip Bailey

BIO

Voix ‘falsetto’ multi-octave et co-leader de EARTH, WIND & FIRE, Philip Bailey a démarré une carrière solo en 1983 au moment où sa formation est mise en sommeil suite aux méventes de ses récents albums et son atonie artistique. L’album « continuation » est le point de départ d’une carrière solo à cheval sur deux registres ; funk classique et funk chrétien. Produit par George Duke, « continuation » n’a pas de véritable orientation artistique en dépit d’un certain cachet dans le crédit des musiciens et de la production. Sans doute correspond t-il à une opportunité de studio dans l’agenda excessivement chargé de George Duke en cette année. Il faut attendre 1984 pour que son deuxième album « chinese wall » fasse décoller véritablement sa carrière. Produit par la star britannique du pop/rock progressif ; Phil Collins, ce dernier est en duo sur « easy lover » ; un hit interplanétaire n°1 dans les Charts UK et n°2 dans le Billboard US. « Chinese wall » est disque d’or et probablement le meilleur album de cette année. En parallèle, Philip, qui s’était déjà plongé dans l’univers du gospel en chantant pour Andrae Crouch ou en duo avec Deniece Williams, sort « the wonders of his love » chez Myrrh record. Album intimiste qui se classe honorablement dans les Charts chrétiens. En 1986, Philip Bailey revient sur le terrain commercial avec « inside out » un opus un peu électro-funk de bonne facture produit par Nile Rogers mais qui souffre du même handicap que « continuation », c’est à dire d’une ligne artistique non aboutie. L’album « triumph » qui sort la même année compense l’échec du précédent même s’il ne vise à nouveau que les charts Chrétiens. Avec celui-ci, Philip Bailey obtient le Grammy de la meilleure performance vocale gospel. L’année suivante verra la reformation de EWF avec l’album « touch the world ». En 1989 pour que Philip Bailey revient avec un nouvel album solo : « family affair » gospel encore.
La décennie suivante, la carrière de EWF relancée, Philip Bailey se réoriente sur le terrain smooth jazz avec quelques collaborations (George Duke) et deux albums solos…pour ses fans.

DISCOGRAPHIE VINYLE

Face 1 Face 2
Photogenic memory Easy lover
I go crazy Show you the way to love
Walking on the Chinese wall Time is a woman
For every heart that’s been broken Woman
Go Children of the ghetto

Mon avis : C’est dans les meilleures marmites que l’on fait les meilleurs plats, « chinese wall » a été enregistré à Londres avec une brochette de musiciens américains invités à y rester longtemps pour y mijoter le meilleur album de Philip Bailey et sans doute la meilleure réalisation de Phil Collins comme producteur. L’enregistrement très spatialisé met en valeur un jeu de musiciens en nombre réduit traduisant une complicité et leur investissement personnel au projet. Les cuivres, les cordes et quelques percussions ont été enregistrés à Los Angeles sans doute pour des raisons pratiques de personnel et de session d’enregistrement. En détail, on distingue les titres rythmés pop, limite rock : "photogenic memory",  "Walking on the chinese wall", "easy lover", "time is a woman" et "woman". Funk rude ou soft rock, ils sont taillés pour les radios et les clubs ; les ajouts de cordes et de cuivres leur donnent une coloration R&B. Les ballades "for every heart that’s been broken", "show you the way to love" ; sublimes, rappellent celle du répertoire de EWF. Enfin "children of the ghetto" est une reprise d’un titre de THE REAL THING, sa réinterprétation est une réinvention de la soul, celle qui vous met en transe. Plus qu’un album, « chinese wall » est une potion magique de la grande époque, celle où on rentrait en studio avec un projet et des idées avec des moyens au service de ses ambitions.

Mon avis : Philip Bailey force le trait pour un album classé gospel mais typiquement funk westcoast de mi 80 dans le fond comme sur la forme. Le premier titre excellent musicalement peut troubler par son message patriotique, coutumier aux États-Unis où patrie et religion, surtout évangélique, se fonde dans un mouvement civique. L’instrumentation fait appel au synclavier pour des nappes de claviers un peu dégoulinante sur les ballades, la batterie reste acoustique, bien que raisonnant grosse caisse un peu comme sur l’album   « chinese wall ». Les guitares très pincés sont rendu funky par le jeu expert de Paul Jackson,jr et de David Williams. On remarque au passage une belle collaboration de George Duke sur certains titres qui apporte un cachet de sérieux à la production.
L’inspiration très sincère de Philip Bailey parvient difficilement à nous convaincre qu’il s’agit d’un album de gospel par des chœurs quasi absent, même si "come before his présence" est un champ de messe baptiste. Déjà touché par la grâce, Philip Bailey avait il besoin d’en rajouter ? A vous de voir ou plutôt d’écouter !