Au-delà d’une carrière extraordinairement longue et dense come musicien multi instrumentiste claviers/ batterie/percussion dans le jazz, le jazz fusion, Alphonse Mouzon a su gérer sa carrière de main de maitre et rester au premier plan sur la scène musicale US en surfant sur les genres et les styles sur plusieurs décennies. Ce natif de Charleston, en Caroline du sud où il a vu le jour en 1948 est d’origine amérindienne, Afro-américaine et Française
Au lycée, il apprend la batterie, il se forme à l’université Bonds-Wilson High School et déménage à New York pour se faire diplômer de musique. Il étudie le Théâtre et la musique au City Collège de New York. Il joue à Broadway au coté d’artiste de jazz locaux, puis devient membre d’un groupe de fusion : WEATHER REPORT au coté du guitariste Larry Correll à partir de 1973. Parallèlement, il a composé, enregistré et produit quatre albums solo de jazz funk ou R&B (selon les points de vu) chez Blue notes où il joue de claviers, arrange et interprète les titres. Ce qui fait de lui un jeune artiste complet. Il met ensuite sa carrière d’artiste solo entre parenthèse pour se consacrer à des projets avec Larry Correll, Robin Kenyatta, Joakim Kühn aux Etats Unis comme en Allemagne …il élargie ainsi sa culture musicale et sa popularité comme artiste et musicien. En 1981, il s’établie à Los Angeles pour enregistrer et produire 2 albums chez Pausa Records ; « by all means » et « morning sun » avec le gratin du jazz funk : Herbie Hancock, Lee Ritenour, Hubert Laws, Freddie Hubbard et les SEAWIND HORNS pour 2 opus de jazz funk très populaire en radio et devenu culte à présent. Il persévère dans la décennie dans la voie soul funk avec cependant moins de succès artistique et commercial avec des albums de plus en plus personnel dans la production avec des musiciens de session plus invités que collaborant aux choix artistiques.
La décennie 90 est plus intéressante au niveau artistique avec un retour à des collaborations artistiques plus fructueuses avec des musiciens de session Californien pour des albums, dorénavant identifiés comme « contemporary Jazz » pour ne pas dire easy listening » ou smooth jazz pour son propre label : Tenacious records. La politique managériale de Alphonse est désormais : « on n’est jamais mieux servi que pas soi même » implique qu’il se fait plaisir avant tout en faisant la musique qu’il aime avec ses amis sans dépendre d’un producteur, ni d’un label
Dans les années 2000, il joue la carte des circuits vétérans avec un retour aux sources du jazz avec des musiciens plus sérieux et moins estampillés « côte Ouest ». sa dernière production sera servi pour son ami de toujours Larry Correl avec "Larry Coryell's 11th House* – Seven Secrets sorti en 2017, soit l'année suivant sa disparition. Un très bon album joué dans la bonne humeur avec une critique dithyrambique. Après tout, c’était peut être cela la philosophie de Alphonse, on ne devient meilleur qu’en se faisant plaisir, la musique est un moyen, le jazz est une voie et l'amitié un cadeau.

Mon avis : Alphonze Mouzon invite quelques musiciens de hautes pointures pour faire un album studio comme pour faire un bœuf entre amis. Il ne faut pas s’attendre à un évènement studio extraordinaire pour des oreilles de jazz fusion pointilleuses, plutôt un moment de détente et de pur plaisir entre amis pour produire quelques morceaux d’easy listening, bien construit avec certainement des moments d’improvisations quand on connait le niveau des musiciens conviés. Alphonse prend la plus grosse part du menu en se mettant au centre du jeu avec ses jouets : des synthétiseurs analogiques, Herbie Hancock tire son épingle du jeu ou plutôt obtient la fève en mangeant la totalité de la galette au Rhodes et au piano. LES SEAWIND, en tous bon professionnels, font swinguer les cuivres et sauvent la partie ;« by all means » obtient le statut d’album de fusion avec ses titres à rallonges et ses galons de jazz funk de fait.

Mon avis : La fête du jazz funk chez Alphonse est tellement courue, qu’elle reprend la même année avec les mêmes invités ou presque, puisque les sœurs Waters, Michael Brecker et Hubert Laws sont conviés pour gonfler les audiences de « morning son ». La fête est ouverte avec un titre soul funk chantée en chœur qui annonce un léger changement de direction vers des titres plus construits et moins improvisés. La suite confirme ce virage vers la soul, voire le R&B. "to mom with love" est un titre instrumental, bien inspiré et joué avec toute la rigueur requise pour en faire un grand moment de jazz fusion que Herbie et Hubert nous offrent avec leur solos merveilleux aux Rhodes et à la flute…la face B confirme un excellent album d’easy listening que SHAKATAK n'aurait pas renié. Alphonse Mouzon montre qu’il a de la bouteille mais aussi du cœur à l'ouvrage .