« La fusion du jazz et du funk était une évidence pour ces artistes pionniers afin qu’ils expriment leurs créativités festive de leur époque sans reniement des exigences de la technique ni même de l’âme jazz qui les envoûte»

Donald Blackman

Donald blackman

BIO

Don Blackman fait parti de la race d’artiste auréolé de mystère par ses apparitions rares sur la scène musical jazz/funk mais surtout pour avoir à son tableau un seul album solo (en vinyl), désormais très recherché pour ce qu’il contient mais surtout pour sa rareté.

Ce natif du Queens à New York a exercé à partir du début des années 1970 ses talents de musicien/compositeur, chanteur et claviériste pour des formations aussi hétéroclites que Parliament/Funkadelic, Earth Wind & Fire, Weldon Irvine ou Lenny White. Diverses spéculations concernent son unique album solo sorti en 1982 sous le label prestigieux GRP. La production de cet album est confié au tandem Grusin/Rozen ; fondateurs du label, qui effectuent à ce moment un recrutement important d’artistes de jazz fusion dans le vivier New Yorkais pour grossir leur catalogue, parmi lesquels figurent déjà entre autres Tom Browne, Bobby Broom et Dave Valentin. Puis Bernard Wright et Donald Blackman signent cher GRP en 1981 comme musiciens de session puis comme artiste solo pour élargir le label vers de nouvelles inspirations groove pour un public plus jeune, urbain et populaire. L’album éponyme « Don Blackman » remplit parfaitement cet objectif artistique (et commercial) par un jazz funk. Don Blackman s’entoure d’une formation : The Family Tradition avec Desire "Deezie" White – chanteuse, Sheri "Ayo" Snyder – chanteuse, Barry "Sonjohn" Johnson – bassiste,  Steve "City" Horton – guitariste,  Eddie "EPM" Martinez – guitariste et Dennis "Washington" Chambers – batteur. En dépit de ce casting pointu et d’un contenu pour le moins… décoiffant, « Donald Blackman » ne rencontre pas un succès commercial mais gagne un succès d’estime chez les puristes.

Depuis lors, Don Blackman apparaît de manière sporadique dans les années 80 comme musicien de session pour "EPM", Najee, Roy Ayers, Kurtis Blow, Sting et quelques autres. Un nouvel album solo sort en 2002 ; « listen » chez le label des vétérans ; Expansion. Avec un contenu orienté smooth jazz, il fait plaisir à ses rares fans et ravive à nouveau la spéculation sur son premier album qui n’en finit pas de devenir culte.

Face 1 Face 2
Yabba dabba doo You ain’t hip
Heart’s desire Let your conscience be your guide
Holding you, loving you  Been away so longSince you
Deaf hook-up connection Never miss a thing

Mon avis : Carte blanche chez GRP pour un album personnel et expérimental, c’est ce dont a bénéficié Don pour libérer sa créativité dans le domaine mal délimité du jazz funk. Album non fusion en dépit de quelques accords de piano qui pourrait le laisser penser, pas tout à fait funk, car il échappe à sa logique bien balisée, je dirai un hybride de groove funk rugueux underground et d’acid jazz pour clubs enfumés. Don et The Family Tradition nous régalent de leurs transes musicales (et on imagine scéniques) jusqu’à un paroxysme proche du surdosage. De l’énergie débordante, un groove suintant, des vocalises improbables font de « Don Blackman » un ovni dans le paysage du funk et une imposture séduisante dans le paysage du jazz fusion, en tout cas une sacrée pépite pour le collectionneur.