Najee

Avec deux disques de platine et quatre en or, Najee est un saxophoniste pionnier et hors pair dans ce qui est désigné élogieusement comme jazz contemporain. En fait, la musique de Najee hérite du jazz fusion de la fin des années 70 et du jazz pop des années 80 qu’il a repris avec beaucoup de talent et d’intelligence, mais aussi en se servants des nouveaux outils musicaux pour séduire un public large et jeune qui va de la R&B, au jazz en passant bien entendu par le funk qu’il a su apprivoiser avec ses instruments à vent.

Natif de New York, Najee a commencé par la clarinette avant de jouer du saxophone et de la flûte. A l’université, il étudie sous la direction de Jimmy Health, Frank Foster et de Billy Taylor. En 1980, avec son frère Fareed, il suit des cours au conservatoire musical de Boston pour étudier la composition et se perfectionner. En 1983, ils reviennent à New York pour accompagner la tournée de Chaka Khan. Najee rencontre Charles Huggins ; propriétaire de HUSH production qui le prendra lui et son frère sous sa coupe en les faisant signer chez EMI. En 1986, l’album « Najee’s thème » est la concrétisation de plusieurs années de travail, d’étude et d’expérience comme musicien de session pour un album soft et délicatement jazzy qui se situe dans le sillage musical de Freddie Jackson, avec lequel justement, il part en tournée. Pendant ce temps là, « Najee’s theme » devient disque de platine et est nominé pour les grammy Award en 1987. L’année suivante, avec « day by day » Najee impose sa signature dans le registre smooth jazz. L’album ; très cristallin, met œuvre une collaboration fertile avec son frère Fareed, Barry Eastmond et Wayne Braithwaite comme musiciens et producteurs

L’inspiration quasi-religieuse et la sensualité émotive du jeu de Najee  plaît puisque l’album est à nouveau disque de platine.

En 1990, Najee sort « tokyo blue » qui revisite son registre avec une instrumentation plus jouée et une collaboration élargie vers le monde de la fusion pour un album intemporel qui demeure jusqu’à présent un classique du genre.

Depuis, Najee n’en finit pas d’aligner assez régulièrement et jusqu’à aujourd’hui des albums très bien ficelés dans le registre smooth jazz qu’il a contribué à faire sortir du ghetto des musiques de supermarché et des salles d’attentes. Il reçoit de nombreuses récompenses, il est considéré par la critique comme étant le meilleur artiste de sa catégorie et il devient un invité de marque pour des évènements diplomatiques qui concerne l’Afrique, continent pour lequel il conserve un attachement de cœur et d’esprit. Il est l’ami de Nelson Mandela.

Artistiquement, il collabore en 1995 avec Georges Duke pour un album hommage à Stevie Wonder « songs of the key of life ». En 1998, il crée avec son frère son propre label FAN qui permet de libérer toute sa créativité et l'exprimer toujours aussi adroitement mais plutôt dans le registre smooth jazz.

Mon avis : C’est avec une volonté de frapper fort que Najee se projette dans la décennie 90. Najee effectue ce passage avec beaucoup de talent et de promesses en renouant avec une instrumentation plus acoustique et des musiciens LIVE en état de grâce et avec moins de programmation synthétique, on remarque la performance de son frère Fareed aux guitares et de Don Blackman aux claviers, pour un jeu subtil et naturel. Sur la forme, il ne fait que reprendre son jeu mélodieux et planant vers un jazz funky qui culmine très haut tantôt sur un tempo diablement rythmé avec « talkin’ » ou carrément cool jazzy avec « stay ». D’autres titres sont l’écho d’un groove jazz fusion très construit qui ne peuvent que susciter l’adhésion par leur originalité et leur musicalité. Des invités de pointure donnent de leur voix pour accompagner cet artiste qui ne se fait jamais enlevé la vedette tant son jeu est omniprésent, mais jamais prévisible. « nation’s call » est un interlude world music qui raisonne comme un hymne à la fraternité pour un message malheureusement non entendu. Sans aucun doute, le chef d’œuvre de Najee.