Eri Ohno est une chanteuse de jazz originaire de Nagoya où elle a vu le jour en 1955. Son répertoire est un récital de vieux classique de jazz vocal et de titres composés pour elle qu’elle interprète avec une certaine fougue et délectation.
Après des études de littératures, elle fut active en studio entre 1979 et 1986, elle a enregistré 8 albums, dont 6 renferment des titres actualisées jazz-funk ou jazz-pop selon les périodes. Sa passion pour les comédies musicales et l’âge d’or de Broadway l’a conduite à enregistrer un album consacré au célèbre compositeur Cole Porter. Pour les titres originaux de jazz funk, elle s’entoure à la production et comme claviériste de Toshiyuki Daïtoku un pianiste de jazz très désiré dans l’industrie du disque nippon pour ses aptitudes à jouer sur tous les registres. Après un ultime album studio en 2006, Eri Ohno se donne dorénavant En Live ! pour un public confidentiel ou privilégié avec en arrière plan un thème artistique en variant ses récitals selon ses co-musiciens ou ses inspirations du moment.

Mon avis : Il y a rien de choquant qu’un album jap renferme au moins une reprise ; ici « eri » commence avec le hit de Michael Jackson « I can’t help it », l’interprétation ne surpasse pas l’original mais elle a le mérite de la réinterpréter avec des lignes de guitares riff et solo, le titre est remodelé convenablement jazz funk sans trahir l’original. Le cœur de l’album démarre véritablement avec "live hard, live free" un funk percutant qui sonne 80’s avant l’heure ; guitares rythmique et cocotte aux effets groove renforcés par la séparation des canaux stéréo… "trust me" est un titre soul jazz dans l’esprit GRP fin 70 édulcoré par un vibraphone sonnant et mise en scène avec une dramaturgie d’un ensemble strings synth. La face 2 recèle aussi quelques bijoux de jazz funk avec sax et Rhodes attendus et bienvenus et un titre de pure jazz-vocal. Pour ce qui est de l’interprétation de Eri, elle est crédible, l’accent japonais est peu marqué, elle a fait le job

Mon avis : Catégorisé jazz funk, l’album pourrait être classé freejazz funk dans l’esprit. L’ouverture, tonitruante de l’album montre clairement que Eri Ohno se libère des carcans de son récital pour nous offrir sa libre interprétation avec une apparente spontanéité, soit travaillé en amont en répétition, si ce n’est pas le cas, il faut saluer alors sa performance vocale ; bluffante. Eri chante sur 2 octaves alto et mezzo soprano, la première est chaude et granuleuse, la deuxième est puissante, lors de ses envolées lyriques notamment.
Au niveau musical, il y a une montée en gamme dans les arrangements et la qualité d’enregistrement qui autorisent la superposition de pistes sans cacophonie, rythmiques, cordes, cuivre donnant une restitution plus fouillée et luxueuse au titres, jazz vocal ou funk. Pour ce qui est du groove, Eri prouve qu’elle sait y faire, le jazz semble être une bonne école pour appréhender les genres musicaux à condition de faire preuve d’humilité… en tous cas, « good questions » est un album où le conflit des répertoires semble éludé, Eri a surmonté ce défit le temps d’un album en s’appropriant plus qu’en galvaudant et le résultat est très satisfaisant pour ne pas dire plus.