« Leurs talents se nourrissent de leurs racines qui jouent au plus profond d’eux même comme une musique des vie passées qui ressurgit et déborde de vitalité. »

Gwen Guthrie

BIO

Gwendoline Guthrie est décédé le 3 février 1999 à Orange dans le new Jersey d’un cancer de l’utérus à l’âge de 48 ans. Derrière ce laconique message extrait de la rubrique funéraire du journal local, ce cache une immense artiste qui, telle une comète, est apparu sur le devant de la scène musicale R&B au début des années 80. Elle a pourtant longtemps prêté sa voix claire et limpide comme chanteuse de session pour des artistes aussi variés que divers : Roberta Flack, Aretha Franklin, Billy Joel, Quincy Jones… de 1974 à 1999.

Gwen Guthrie est née dans l’Oklahoma en 1950, mais a grandi à Newark dans le New Jersey. Elle a commencé à chanter à l’université dans un quartet de femmes appelé THE EBONETTES. Elle fait ses premiers pas à New York au coté de Larry Blackmon (futur leader du groupe CAMEO) dans une formation : EAST COAST BAND qui se produit dans une salle à Harlem. Remarquée, elle participe comme voix de chœur au côté de Cissy Houston pour la session d’enregistrement d’un album gospel d’Aretha Franklin.Elle signe six mois plus tard un contrat pour les productions de Bert DeCoteaux et bien d’autres. Elle se met aussi à l’écriture pour les SISTER SLEDGE, Ben E. King, Martha Reeves…A la fin 70, elle est invité à Nassau aux Bahamas par le duo star du raggae Sly Dumbar et Robbie Shakespeare pour chanter dans une de leur production. Séduits pas sa voix, ils ne tardent pas à la recommander à Chris Blackwell ; président de Island records. Elle signe pour le label avec à la clé un projet de production avec Sly & Robbie. Son premier album titré simplement « Gwen Guthrie » sort en 1982. Sur le modèle rythmique de Chic, Sly & Robbie apporte une touche personnelle et originale avec des solutions mélodiques de groove R&B non usuelles. « it should have been you » est le morceau le plus dance de l’album.
En 1983, « portrait » reprend la même formule avec la même équipe à la production et quelques nouveaux aux instruments. Le travail qui gagne en intensité est plus audible dans la forme que sur le fond ; quelques uppercuts funk présents peuvent donner une fausse impression de facilité.
« just for you » sera son troisième album. Produit en 1985 par le pionnier de jazz fusion Eumir Deodato (Kool and the gang), il tranche des précédent par une tonalité synthétique plus prototype funky que consensuelle. C’est vraisemblablement une orientation musicale qui, tournant le dos au funk made in Bahamas, est plus tournée vers un public pop/funkde la côte est des Etats Unis. En 1986, Gwen produit son album « good to go lover » en association avec David Conley (SURFACE). Trois titres émergent nettement ; le hit club « ain’t nothing goin’ but the rent », une émouvante ballade « you touched my life » et la reprise smooth funk « (they long to be) close to you » .
Gwen continue la carrière de chanteuse de session, mais s’offrira aussi deux autres albums solo de ses propres compositions mais moins intéressant artistiquement. Comme une comète qui s’amoindrie à chaque passage à la lumière, elle a préféré travailler dans l’ombre des autres au dépend de sa propre carrière. Le don de soi est une chose rare dans le métier et beaucoup d’artistes peuvent lui dire merci… et au revoir.

DISCOGRAPHIE VINYLE— — —— —

  • Lifeline (Warner Brothers 1988)
  • Hot Times (Island 1992)

Mon avis : Qu’on ne s’y trompe pas, les solutions originales mises en œuvre dans les arrangements et l’instrumentation synthétiques (qui peuvent pour certains sonner gadget) n’entament en rien la valeur artistique et le groove de l’album qui tient haut le pavé à beaucoup d’autres productions de cette époque. Le fondu des titres qui s’enchaînent, soit par recouvrement ou simultanéité, donne un continuum de groove dance renforcé par des effets précurseurs du son club de la fin de décennie. Le seul point commun avec CHIC est l’omniprésence de la guitare rythmique, plus variée ici. La musique stylisée de Sly & Robbie (ex Raggaemen) est un point de vue pour le moins original, voire visionnaire sur le groove funk qui a balayé la scène des années 80

Mon avis : Autre « grand » album de l’artiste, plus fouillé et moins minimaliste que le précédent. Incontournable pour les amateurs de funk club, « portrait » anticipe ce que sera le son club New New-yorkais de mi 80 par des effets de reverb sur les voix et le jeu de basse. Plus ambiance qu’interprétation, les titres sont prétexte à un exercice de groove et de style qui perd en originalité par rapport à la fraicheur de l’album précédent, mais qui gagne en technicité pour une invitation à un échauffement plus qu’à un déhanchement. La voix de Gwen Guthrie demeure séduisante et le son authentiquement groove funk pour une oreille élevée à la soul.

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