PAGES
PAGES

Bio

PAGES est une formation-concept qui a écrit une des plus belles pages de la musique californienne dans le genre A.O.R au cours de l’âge d’or de ce courant musical à la fin de la décennie 70 et au tout début 80. Autour d’un noyau principal constitué de Richard Page à la voix et de Steve George aux claviers, se sont succédé Russell Battelene, Peter Leinheiser, Jerry Manfredi, George Lawrence, Charles "icarus" Johnson et John Lang comme musiciens et auteur, parfois crédités sur les pochettes comme membres de cette fameuse formation éphémère. Richard page et Steve George sont tout deux originaires de Phoenix en Arizona, une vieille amitié qui date de l’université. En 1977, ils sont auditionnés pour accompagner la tournée d’Andy Gibb, ils sont recrutés immédiatement ainsi que Jerry Manfredi à la basse, Russ Battelene à la batterie et Peter Leinheiser à la guitare. Les répétitions, ainsi que les 30 dates de la tournée ont soudé un groupe de talentueux musiciens ambitieux pour la suite. A la fin de cette même année, une démo est enregistrée et attire l’attention de Bobby Colomby, alors Vice-président de Epic records mais aussi ancien batteur/leader du groupe de pop rock BLOOD, SWEET & TEARS. L’album « Pages » sort en 1978, co-produit par Bobby Colomby, il est un agrégat de ce qui se faisait de mieux à l’époque en terme de sons studio de funk, de fusion, de ballades avec des invités de prestige ; Dave Grusin, Philip Bailey, les frères Brecker, Victor Feldman et d’autres. En dépit d’une qualité intrinsèque indiscutable sur la forme, l’album au contenu difficilement identifiable par les radios, peine à trouver son public et les charts... En 1979, PAGES retourne en studio pour « Future street » ; Bobby Colomby reprend la main à la production, Charles "icarus" Johnson (guitares), George Lawrence (batterie) sont recrutés comme nouveaux membres.

Une réorientation pop rock assumée sur une face et une reproduction de compositions analogues au premier album sur l’autre face peinent à nouveau à convaincre en dépit d’une production solide, d’arrangements innovants et du recrutement d’autres musiciens en guest ; Kenny Loggins comme interprète d’une ballade, ou prestigieux avec Jerry Hey aux arrangements des cordes et cuivres… les charts sont effleurés, l’alchimie particulière et sophistiquée de PAGES ne trouve pas encore ses auditeurs
En 1981, PAGES est réduit au duo Richard Page / Steve George pour un nouvel album éponyme : « PAGES » chez Capitol Records. Pour l’album de la dernière chance, la production est confiée à Jay Graydon sauf pour deux titres par ailleurs édités aussi en single « "you need a hero" et "come on home" qui reviennent à Bobby Colomby. Une production resserrée, un album moins expérimental mais plus pop FM conventionnelle quoique toujours bien arrangé et dans le vent avec toujours des musiciens de renom n’empêcheront pas « PAGES » de faillir à nouveau sur le plan commercial. PAGES dissout, Richard Page et Steve George ont rejoint le circuit des compositeurs et des musiciens de session pour des grands noms de la production musicale des années 80 ; Jay Graydon, Quincy Jones, David Foster. Ils ont entrepris de reformer un duo de pop Mr MISTER avec quelques succès modérés. Le meilleur est derrière eux et c’est l’avenir qui le dit, car PAGES est devenu depuis un groupe mythique pour tous les collectionneurs de vinyles vintages, ainsi que pour les auditeurs en streaming jeunes et moins jeunes amoureux du son californien. PAGES a traversé les frontières et est devenu un groupe phare d’A.O.R. dans le monde des rêveurs.

Discographie

Face 1 Face 2
clearly Kim If I saw you again
this is for the girl interlude
let it go it’s alright
listen for the love room at the top
love dance I get it from you

Mon avis : PAGES réussit artistiquement a mêler l’énergie d’un groove rythmique funk à la sophistication de lignes harmoniques jazz rock fusion de haut niveau sur les guitares et les claviers ; surtout sur le Fender Rhodes qui est éclatant. C’est surtout là qu’il faut leur rendre hommage, car c’était osé artistiquement mais risqué commercialement. Les voix pop ‘wasp’ sur des compositions mélodiques qui auraient très pu être interprétés et joués par des ‘blacks’ n’ont pas aidé au succès commercial de l’album dont la promotion, peut être insuffisante, dans les radios n’a permis le succès mérité pour un album novateur. Il a fallu qu’un vent de nostalgie se lève pour que « Pages » soit redécouvert non plus comme un OVNI westcoast mais comme un véritable album qui recèle tant de trésor qu’il continue aujourd’hui à séduire les véritables passionnés de musique A.O.R de toutes origines et de toutes nationalités. C’est la définition d’un album culte.

Face 1 Face 2
I do believe in you ♪ who’s right, who’s wrong
the sailor’s song chemistry
take my heart away two people
future street keep on movin’

Mon avis : On peut considérer la face 1 comme un compromis artistique, car il  explore les talents de PAGES en matière de pop-rock pour satisfaire et convaincre un public peut être déçu par l’orientation trop jazz fusion du premier album. La face 2 reprend les ingrédients pop funk / jazz fusion de la première salve et monte d’un niveau en terme de moyens consacrés à la production. Les arrangements sont tout autant novateur sur la forme et le fond, le Fender Rhodes toujours là se fait plus discret, le mini moog comme marqueur sonore aussi, les guitares sont toujours aussi expressives. On remarque cependant que les compositions et les interprétations vocales sont travaillées d’avantages pour marquer les esprits, voire susciter l’envie de chantonner… Le choix de l’ingénierie du son d’adoucir et de niveler la dynamique générale est peut être un choix stratégique vers une standardisation mais il fait perdre un peu de relief aux instruments par rapport au premier album. L’objectif de « Future street » était de consacrer PAGES comme un groupe qui compte en 1979, mais il reste encore trop novateur et expérimental pour l’époque. Il est aujourd’hui un fer de lance pour les nostalgiques de cette époque révolue et un « must have » pour tout bon collectionneur de westcoast, on se demande presque s’il n’as pas été produit dans cette esprit. « Future street » est une preuve supplémentaire que les meilleurs albums ne sont pas les vendus, les meilleurs artistes les plus connus. PAGES ont été quelque part trop intègres pour promouvoir un album facile à écouter, ils se sont acharnés à composer, jouer et chanter des compositions que beaucoup sans le dire aiment à écouter pour s’en inspirer.