Obscur city pop & masterpieces

city pop

Dans l’industrie du disque au japon comme ailleurs, il y a des artistes japonais qui ne sont révélés le temps d’un seul et unique album et sont de fait tombés dans les oubliettes. Ces albums, rares par essence, puisqu’ils n’ont pas ou peu été réédités ; méritent une attention particulière pour le respect de l’artiste musical qu’il était et de son œuvre. Il arrive parfois que des albums redécouverts via les partages sur YouTube ou les réseaux sociaux suscitent un intérêt certain, voire un engouement chez les nostalgiques ou les collectionneurs… ils deviennent alors recherchés et quand ils sont bons ou très bon, ils deviennent masterpiece. Un album peut ne pas avoir fonctionné à sa sortie pour des raisons multiples et variées ; promotion manquée, contenu mal identifié, trop novateur où à côté des goûts du moment. Mais le temps a eu raison de ces aléas, si le matériel d’un album révèle avec unanimité un ou de véritables artistes qui chantent et qui jouent le meilleur de la musique de leur époque avec une impression d’intemporalité, on peut le considérer comme un masterpiece. Plus rarement si un album révèle un artiste habité par la grâce, sublime une époque révolue avec une portée universelle qui touche toutes les générations, on peut alors le reconnaitre comme culte. Les japonais qui redécouvrent leur patrimoine musical et la magie du vinyle refont des rééditions de ces albums. Dans ce cas, on peut parler de réhabilitation de l’artiste et ce n’est que justice !

 

DISCOGRAPHIE

kyosuke kusunoki - just tonight
Face 1 Face 2
sugar dance close to you
get down love devotion
for our love come to me again
just tonight 夜を忘れて
  地図なき未来

Mon avis : le terme de quiet storm prend tout son sens à l’écoute de "sugar dance" le titre d'ouverture plein de promesse pour un album qui s’inscrit dans la tradition R&B/funk des meilleurs albums US de ce genre. Certains titres sont entièrement interprétés en Anglais d’autres sont mixte couplets en japonais et refrain en anglais. Bien qu’enregistré en 1985, l’album ne courre pas derrières les évolutions techniques instrumentales mais préfère en saisir l’esprit de cette époque par des compositions et des arrangements musicaux qui tempèrent la fougue d’un artiste plus passionné que tenté par l’originalité et les expérimentations hasardeuses. La voix de Kyosuki Kusunoki rappelle de celle de James Ingram, délicate et chaude à la fois, l’accent japonais est peu marqué. Sur un registre funk romantique light mellow sur les titres rythmés ou quiet storm sur les ballades, Kyosuki et ses producteurs/arrangeurs ont saisi toutes les ficelles du R&B, façon Philadelphie pour nous offrir une belle production que même James Ingram n’aurait pas daigné interpréter. Comme la belle musique appartient à tous, « just tonight » n’est pas un simili R&B/funk, il en est un digne représentant porté par un artiste qui s’est effacé de la scène après un album unique devenu masterpiece. 

beers- mistress
Face 1 Face 2
壊れたワイパー 夜明けの舟
蒼い朝 Day Break Rain 片隅のアベニュー
ランダムに・・・ ラッキー・ストライク・マン
hold me クィーン・オブ・ハート
愛の鍵 ためらいの午後

Mon avis : Un duo masculin-féminin de chanteur interprète n’est pas une chose commune dans la scène discographique japonais. L’unique album pour cette formation de circonstance met en scène un couple Megumi Satoh et Yoko Hashimoto qui dialogue certainement des choses de la vie (en japonais) sur fond un fond musical bien structuré ; un funk solide, festif et authentiquement de cuvée 1983 sur le premier titre qui peut donner envie de danser comme sur un air de boogie. Le troisième titre reprend la tournure du premier avec des accents post disco et toujours ces solos de sax Jake Concepcion qui enivre l’ambiance. Sur les ballades, Mistress fait le lien entre la chanson traditionnelle japonaise et le meilleur de la city pop, avec des influences de pop occidentale et de soul US empruntées mais non copiées pour une finalité artistique cohérente et crédible. Mistress est culte pour cette raison, Beers, le temps d’un album, est venu apporter une pierre blanche dans ce courant musical, devenu culturel que l’on nomme city-pop et qui a pris son essor au milieu des années 80 et qui demeure jusqu’à aujourd’hui. D’autres après eux ont fait mieux ou moins bien. L’album resté longtemps confidentiel pour sa rareté a certainement joué en sa faveur.

tatako mamiya - love trip
Face 1 Face 2
love trip 渚でダンス / nagisade dance
チャイニーズ・レストラン / chinese restaurant one more night
真夜中のジョーク/ Mayonakano Joke モーニング・フライト/ morning flight
哀しみは夜の向こう/ Kanashimiwa Yoruno Muko たそがれは銀箔の…/ Tasogarewa Ginpakuno...
all or nothing what a broken heart can do

Mon avis : En dépit d’un accent japonais marqué, Takako Mamiya et son équipe de musiciens nous plongent dans un univers fantasmé qui fleur bon la côte Ouest des Etats Unis, ce qui confère indéniablement un caractère AOR à son album et à tous les titres qui le composent. Instrumentalisée de manière assez classique sur une basse rythmique plutôt jazz-funk, on se laisse séduire par des voluptés de romantisme renforcée par une orchestration de cordes et de cuivres plutôt soyeuse. Takako Mamiya est toujours dans la retenue dans son interprétation se contentant de chanter d’une voix fluette d’ingénue mais avec justesse des mélodies spécialement conçues pour séduire sur un mode A.O.R sur les titres les accrocheurs et des accents de jazz fusion pour ceux plus sophistiqués. Des arrangements hauts de gamme pour une petite voix de candide font le charme de l’album.  Takako a trouvé chaussure à ses pieds et depuis ne les a plus quitté. Cela peut rendre nostalgique.

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