AOR vinyls masterpieces

Désormais très prisés par les collectionneurs et audiophiles du monde entiers, certains albums vinyles classés dans le genre AOR au pédigrée westcoast ou similis sont l’objet de convoitises sur les sites de vente en ligne, car rarement disponibles dans les rayons des disquaires en France. Insuffisamment édités lors de leur éditions successives, car parfois uniquement disponibles en pressage japonais, ils se font rares et gagnent en notoriété chez les amateurs à la fois pour ce qu’ils contiennent en matériel musical mais aussi pour le fantasme qu’ils évoquent en terme de nostalgie chez les youngtimers. L’essence des vinyles AOR est le sentiment qu’ils évoquent lors de leur écoute ; soleil, ciel bleu et mer azur, bien sûr, mais aussi les fantasmes qu’ils suscitent ; positive attitude, séduction et rencontre... Le lien charnel qui s’établit entre le rêveur audiophile de cette musique et les albums qu’il possède s’estompe au moment où il se met en quête de la prochaine pépite comme une jolie femme (où un bel homme) qu’il n’a pas encore séduit et mis dans son escarcelle. Ainsi va la vie du collectionneur de vinyles AOR, recherche et espoir du graal original ardemment désiré ou attente sage d’une réédition de bonne qualité pour enfin mettre la main sur le vinyle évidemment remastérisé. Certains labels, anciens et nouveaux se sont engouffrés dans cette niche économique du vintage analogique et proposent des rééditions en quantités limités avec ou sans remastérisation, avec donc une qualité inégale. Certains s’en contente mais les purs et durs ne jurent que pas les originaux. La sélection d’albums ci-dessous représente la crème de l’âge d’or de cette musique ; c'est-à-dire entre 1976 et 1983. A cette époque, les artistes jouissaient d’une liberté artistique et étaient guidée par leurs rêves. La créativité était une valeur reine dans les studios, composer et jouer ensemble une récréation festive. A partir de la mi décennie 1980, la déferlante des synthétiseurs et des radios FM a tué l’artisanat et quelque part la candeur de toute une génération de chanteurs, musiciens et artistes ; festivaliers ou enfants du woodstock ! De nombreux groupes se sont défaits, des musiciens ont été remplacés par des machines, le marketing et la culture de l’image a pris une ascendance sur la création musicale, les maisons de disque se sont recentrés sur le cœur de métier : vendre du vinyle ou des CD. Heureusement, tout n’est pas perdu, les jeunes générations se tournent à présent vers le son vintage et le marché répond présent avec de nombreuse rééditions d’albums cultes de cette époque merveilleuse, celle qu’ont connu leur grand parent. Époque révolue mais si délicieuse à revisiter

Mon avis : un parti pris minimaliste mais suffisant pour transmettre un point de vu à fleur de peau du romantisme AOR par ce duo originaire d’Alabama davantage portés par leur influence country mais qui s’essayent avec brio et réussite au genre AOR. Instrumentalement, Robert Byrne et Brandon Barnes utilisent des ressorts harmoniques empruntés à la soul sur les mélodies et à la funk par des strates de guitare rythmique et une moog basse, un Rhodes cristallin édulcore les quelques solos de guitare discrets mais présents comme il se doit pour tout album qui lorgne vers le son westcoast même s’il est entièrement enregistré dans les studios Wishbone d’Alabama. Par son pédigrée, « an eye for an eye » est le plus soft et le plus mélodieux des albums de country, mais les fans l’encensent aujourd’hui comme une véritable perle westcoast. Après tout, le bleu est aussi la couleur du rêve, Byrne and Barnes ont trouvé la clé.

Mon avis : Le folk est aussi le meilleur chemin vers la Californienne. L’album éponyme « Dane Donohue » est un véritable bijou de Westcoast conçu et enregistré à Los Angeles, il renferme tout ce dont tout collectionneur de vinyles peut espérer en termes de musicalité, de qualité d’écriture, d’arrangements et de niveau de production chez un grand label. L’équilibre entre traditions folk et jazz et exploration des nouveaux courants musicaux : pop/fusion est habilement respecté. Il y a la créativité de PAGES, le romantisme façon Michael Franks et la rigueur jazzy des meilleurs productions de Tommy LiPuma chez Dane Donohue, ce qui lui fait dire : "I will always be most grateful to my Producer, Terrence Boylan, for his vision for my music and his calming demeanor that became the perfect catalyst for this amazing musical journey for me. The powerful Boylan ecosystem in the music industry provided a unique wealth of opportunity and growth." Quel humilité !

Mon avis : « Jack Magnet » est un album aussi improbable que révélateur du melting pot californien qui permet la révélation de la créativité sur cette terre désertique mais fertile. Un artiste de jazz fusion originaire d’Islande, qui après quelques études musicales en Californie et un réseau d’amis musiciens sort un album aussi emblématique de la fusion du jazz et de la pop rock. Jakob aime les solos de Rhodes et de claviers et s’en amuse avec la vitalité d’un excellent élève une fougueuse surrenchère comme sur "movies" ou "distant mountains" . Il sait chanter et se faire accompagner de chœurs joyeux. Tout y est ; L.A est son terrain de jeu, les cuivres façon SEAWIND, des loops de basse rondement mené par Abraham Laboriel et Neil Stubenhaus, merci du peu ! Jakob Magnusson a imprimé ses meilleurs souvenirs sous le ciel bleu de Californie, aimanté à lui comme un tatouage qui ne s’effacera jamais.aussi longtemps que le master de cet album existera..

Mon avis : Voici un album construit avec inspiration et une impression de facilité pour et par un jeune auteur compositeur alors encore en pleine croissance musicale : Randy Goodrum. Originaire d’Arkansas, il a reçu une formation classique, puis de jazz et fait ses premières armes comme pianiste et compositeur pour des artistes locaux de premiers plans dans le folk, la country et le rock. En 1982, il s’est établit à Los Angeles comme musicien de session. « fool’s paradise est un album hybride à cheval entre des sessions à L.A. et à New York où exerce quelques musiciens crédités. Le résultat est audible et limpide, ce qui le rend inclassable et jamais cliché. Sa voix juvénile et posée interprète des titres intimistes dans les couplets et pop FM dans les refrains. Ce mix de délicatesse et de passion est servi par une instrumentation plutôt soft qui sait aller vers l’essentiel pour un rendu pop rock. Le cap est tenu de bout en bout pour un album devenu culte pour avoir conservé tout son cachet avec son lustre d’antan en dépit des années.

Mon avis : la rencontre improbable entre une diva de la chanson et de la télévision déjà quadragénaire et un tout jeune musicien/producteur fut créatrice en 1976 pour un album qui a déjà le cachet des meilleures productions des studios californiens. L’album éponyme de Jaye P. tombé en désuétude, voire dans l’oublie a repris ses lettres de noblesses depuis sa réédition. Fichtre, quel album ! Tout y est, le Rhodes cristallin de David Foster, la gratte précise de Lee Ritenour, une batterie fougueuse bien groovy, des cuivres nerveux (TOWER OF POWER) et la voix authentiquement soul de Jaye P. vient couronner le tout. Cette album n’a pas vieilli, car les ressorts harmoniques ; subtils, sont empruntés à la soul et au jazz sans tomber les écueils du DISCO, alors en plein boom dans les boites de nuit et les cabarets de 1976. Jaye P.Morgan vient de l’Entertainment du divertissement et David Foster un apprenti des studios qui a déjà beaucoup appris. La réussite artistique, peut être pas commerciale de cette album n’est pas un hasard, il est le fruit de talents réunis à sa production et d’un gros travail de studio comme on fait peu à présent. Jay P Morgan et David Foster l’avait déjà compris et ont bien misé.

Mon avis : Avec AIRPLAY, les plus inventifs et talentueux tandem de la scène musicale californienne se sont offert une escapade soft rock baptisé AIRPLAY non seulement pour nous inciter à voler avec eux mais aussi pour cibler les radios FM. Jay Graydon ; guitariste phénoménale, David Foster compositeur hors pair tout autant pianiste ont planté un jalon de référence en terme de production discographique, il y a eu un avant et un après AIRPLAY pour de nombreux puristes. La force de cet album et de mêler des riffs de guitare presque métal avec des mélodies sentimentales entêtantes. "nothin’ you can do about it" est un titre qui derrière une apparente simplicité harmonique se cache une puissance démoniaque et une subtilité de jeu de cuivre qui laissent sans voix. "should we carry on" et "after the love has gone" sont des ballades rock pop émouvantes pour leur force masculine et leur sentimentalité. Jay Graydon et David Foster sont doués et se sont fait plaisir avec cet album sans savoir (peut être) qu’il finirait comme un must have pour tout collectionneur de vinyle AOR, hier comme aujourd’hui.

Mon avis : le duo de copains était à la mode au cinéma et dans l’industrie discographique de ce début de la Décennie 80. Nielson/Pearson en est un exemple assez emblématique qui pour leur 3ème album s’offre le gratin des musiciens de studio Californien pour un album bien trempé, à la limite caricatural mais malicieusement FM. Entre rock et pop variété, le duo croient tellement en leur composition que les producteurs leur ont servi le meilleur service technique et instrumental, comme une bande son haut de gamme qui aurait pu servir de B.O. pour une comédie sentimentale made in L.A. Mêler des solos de guitares et des effets synthé était à la mode pour une société qui foncent vers l'avenir. Reed et Mark ont eu de la chance d’être bien servi par des musiciens professionnels, dont l'excellent Robbie Buchanan dont chaque accord a son effet dramatique et un producteur assez visionnaire. Grâce à eux, la variété US a eu aussi ses pépites que on se lasse pas d'écouter avec de la nostalgie et un sourire en coin.

Mon avis : Gros coup de cœur et d’estime pour cette formation éphémère issus de la communauté amérindienne d’Alaska. L’enthousiasme de Archie Cavanaugh et de ses amis musiciens pour mettre en musique ; AOR svp ! des compositions inspirées et distillées qui sans vouloir prétendre les hisser au panthéon discographique arrivent tout de même à nous bercer par leur musicalité vivifiantes, festives avec comme points d’orgue "take it easy", "it’s our love" et "stay with me" qui sont de véritables flèchent qui visent juste au cœur. « Black & white Raven » est un projet d’album motivée par l’amour de la musique d’inspiration latino, westcoast et blues. Il prouve que le rêve américain est ouvert à tous, si les  vents ou les spiritualités vous poussent dans le dos comme une brise miraculeuse.

Mon avis : Gino Vanneli est originaire de Montréal. Cet Auteur compositeur interprète viril a naturellement choisit le jazz fusion comme trame artistique de son premier album solo chez A&M, label de Herb Alpert. Pour « Brother to Brother», il greffe des harmonies complexes et des mélodies aguicheuses, voir quelquefois emprunte de gravité pour renforcer l’aspect sentimentale de son crédit et son image de séducteur Ténébreux. Par son esprit et son ADN, il mérite de figurer parmi les plus belles galettes AOR de son époque même si par la suite Gino a orienté son répertoire discographique vers la variété rock FM la décennie suivante. "Appaloosa" est une entrée en scène tonitruante de jazz fusion authentique, "the river must flow" injecte un peu groove de basse syncopé, agrémenté de riffs de guitare californien. "I just wanna stop", "feel like flying" ; ballades mi-tempo que Marc Jordan n’aurait pas renié à chanter, met un peu de douceur dans un contenu un peu fiévreux. Gino Vanneli, sans être aussi inventif que PAGES, reprends les lieux communs du genre, un peu opportuniste les bonnes ficelles musicales de son époque pour nous servir un album homogène et bien ficelé sur tous les titres. Le jazz fusion est une musique difficile à dompter, alors quand elle est chantée avec justesse même sans une voix de crooner, on ne peut que féliciter son auteur interprète et se réjouir de posséder son meilleur album studio.

Mon avis : Ambassadeur Texan de la musique country, mais aussi touche à tout dans le milieu artistique musical et visuel, Kenny Rogers s’est fait connaître à l’international grâce à son hit "lady" sorti en 1980 et produit par Lionel Richie. Cet infatigable séducteur au look d’éternel quinqua poivre et sel s’est aussi illustré dans le registre musical westcoast à partir de 1984 avec son album « what about me » (produit par David Foster) dont le morceau titre est un trio avec James Ingram et Kim Carnes. « they don’t make them like they used » est l’aboutissement artistique de cette expérience californienne grâce à sa collaboration avec Jay Graydon. Ce dernier, très impliqué dans la production,  tire cet album vers les sommets de ce qu’il se faisait de mieux en matière de pop FM sublimée en partie grâce à la magie du studio Garden Rake. Cet album pourrait être encore le cadeau de Noël pour tout audiophile tant il évoque avec une nostalgie douce et agréable l’insouciance de nos plus belles années et l’espérance du temps qu’il nous reste à prolonger la magie de l’amour et de Noël. La recette musicale repose en partie sur l’osmose de deux instruments merveilleux ; des claviers cristallins et martelés type DX7 et des solos soft mais profond de guitare solo dont Jay en à la secret. L’interprétation de Kenny Rogers, sans doute la meilleure de sa carrière, est bouleversante de sincérité, elle s’appuie sur une inspiration de son vécu et propose une alternative à la mélancolie: l’optimisme des beaux jours pour mieux passer l’hiver. Au passage, "they don’t make them like they used to" est la chanson titre de l’excellent film « tough guys » avec Kirk Douglas et Burt Lancaster. L’occasion d’écouter voir une comédie sur des papys braqueurs avec des cordes vibrantes de nostalgique sur le temps qui passe. Kenny Rogers était l’homme de la situation et avait les cartes en main pour faire de son album un désormais classique AOR.