« Ils ont eu leurs heures de gloire, ils ont fait l’unanimité, leur union était leur force, leur désunion souvent leur faiblesse»

earth, wind & fire

BIO

Il serait négligeant, voire injuste de ne pas évoquer la contribution artistique et culturelle de Earth, Wind and Fire (EWF) à la musique noire américaine pendant une bonne décennie de leur rayonnement. Au delà des symboles ésotériques de religiosité mystico-universaliste qu’il a cultivé ; d’une aura magnifiée par un accoutrement scénique hors du temps et des illustrations de pochettes néo-antiques que n'auraient pas renier les adeptes de la théorie des anciens astronautes, l’influence musicale de EWF sur d’autres groupes figurant sur le même registre était réelle. Dans un bouillonnement de soul, de funk, de jazz et de world music, EWF s’est fait le pionnier de cette fusion des genres en parallèle avec leur idéaux de rapprochement des cultures et des civilisations.Maurice White, batteur de jazz à l’époque, sème la graine du concept EWF en 1969 avec son frère Verdine. En 1970, une ébauche du groupe signe chez Warner Bros  pour deux albums « Earth, Wind and Fire » et « the need of love » aux succès tout relatif. « last day and time » est l’album de transition avec le remaniement du groupe, dont un membre Ronnie Laws part à la fin de l’année 72 pour une carrière de saxophoniste solo et de session. Il faut attendre 1973 pour que la formation soit plus clairement établie dans ses membres ; Al Mc Kay, Ralph Johnson, Larry Dunn, John Graham, Fred White et Andrew Wollfolk. Ils enregistrent « head to the sky » classé dans le top 10 des albums soul, puis « open our eyes » en 1974. Après la bande son « that’s the way of the world » qui place le titre « shining star » au sommet des charts R’nB, le groupe embraye avec « gratitude » spécialement conçu pour leurs extravagantes démonstrations scéniques. Les deux album suivants « spirit » et « all ‘n all » ont boosté les désormais classiques « Saturday night », « serpentine fire », « fantasy » et « september » sur les scènes dance du monde entier aux sons des performances vocales de Philip Bailey et des cuivres dynamiques dirigé par Don Myrick et son phoenix horns ; une autre association qui contribue au son légendaire du groupe. En 1979, l’album culte « I am » sort sur le nouveau label du groupe ARC, il associe le groupe féminin emotions  (lancé par Maurice White) au hit disco/soul « boogie wonderland », la ballade « after the love has gone » fréquemment reprise, confirme un talent d’écriture mélodique. Après un double album fusion jazz funk plus expérimental que commercial ; « faces » et le départ de Al Mckay, EWF revient en force en 1981 avec « raise ». qui, dans un registre plus funky avec comme unique hit « let’s groove », ne sera pas un succès commercial. Dans le même esprit et avec le même résultat, « powerlight » ; déficient matériellement, donne des arguments à une mauvaise critique. L’arrêt de la collaboration avec phoenix horns, la sortie d’un album faiblard ; « electric universe » entraînent la mise en sommeil du groupe ;Philip Bailey entamant une carrière solo funk et gospel, Maurice White continuant de produire d’autres artistes. Maurice et Verdine White, Philip Bailey, Andrew Woolfolk, Ralph Johnson et un nouveau guitariste Sheldon Reynolds reprennent le flambeau en 1987 avec « touch the world ». EWF renoue avec les charts avec les titres « system of survival » et « thinkin’ of you » remixés « house » en version maxi pour les disques jockeys des bons clubs de l’époque. L’album « millenium » réalisé en 1993 résonne comme un certain retour aux sources musicales, il est accueilli  par une bonne critique et une nomination aux grammy Award. Depuis, les membres de EWF ont décidé de vieillir avec et pour leurs fans. En dépit de la maladie de Parkinson diagnostiquée chez Maurice White, EWF continue de se produire sur scène et de temps à autre d’enregistrer un album studio pour prolonger le mythe qui de toute manière nous survivra.

Discographie vinyle

  • Earth, Wind And Fire (Warner 1971)
  • The Need Of Love (Warner 1972)
  • Last Days And Time (Columbia 1972)
  • Head To The Sky (Columbia 1973)
  • Open Our Eyes (Columbia 1974)
  • That's The Way Of The World (Columbia 1975)
  • Gratitude (Columbia 1975)
  • Spirit (Columbia 1976)
  • ● ● / ● ● ●
  • Electric universe (ARC 1983)
  • Touch the world (Columbia 1987)
  • Heritage (Columbia 1990)
Face 1 Face 2
In the stone Boogie wonderland
Can’t let go Star
After the love is gone Wait
Let your feelings show Rock that!
  You and I

Mon avis : L’album démarre par une introduction martiale de cuivres qui rappelle immédiatement l’ouverture d’une soirée cinéma d’une grande chaîne de télévision nationale. Ici, l’ouverture du spectacle est musicale, richement cuivrée ; « in the stone » préfigure le contenu de l’album ; un péplum d’artifices et de moyens au services de mélodies intemporelles au carrefour des frontières jazz, R&B, funk et pop. « after the love has gone » est un hymne à l’amour universel, composé par Jay Graydon et David Foster. Son inspiration mélodique est tournée vers la côte Ouest, car elle jette les ponts d’une espérance au delà des mers… L’originalité de la transition entre cette ballade et « can’t let go » au moyen d’un solo sax ininterrompu est le lien entre la fragilité d’une émotion et la force de ce groove absolu. « boogie wonderland » est un compromis disco funk entre une musique mise en spectacle et l’exigence terrienne d’un groove délicatement féminisé à destination des préoccupations festives des habitués des pistes de dance.

Mon avis : Un effectif pléthorique de musiciens, de technicien du son pour un album qui a pour ambition d’aborder la décennie 80 en fanfare. La pochette, ainsi que le titre, aborde la question de la diversité humaine vue à travers le prisme social. C’est chose faite avec « Faces », qui renferme 15 titres tenant du coup dans un double album vinyle. Ce n’est pas courant pour un album studio mais l’EWF l’a fait. Ce qui montre aussi le gros travail d’écriture en amont et de (très) nombreuses journées en studio.  Comme toujours, la part belle est réservée aux orchestrations de cuivre et de cordes débordantes de vitalité. L’instrumentation rythmique est confiée principalement aux membres du groupe, dont les effectifs ont très peu évolué depuis « I am ». Des musiciens de prestige de la côte Ouest sont invités à cette exubérance de moyen, c’est une family réunion autour des valeurs universelles de la musique ‘mainstream’ qu’ambitionne EWF de nous faire partager. Dans cette fureur de cuivres et de percussions, il y le titre « you », qui est à « Faces », ce que « after the love has gone » était à l’album  « I am ». Une ode à l’amour.  Pour ce qui est du contenu du premier disque, EWF répète à envie ce qu’il sait faire déjà, sans surprendre, ni déplaire. La face 3 sort enfin du bois ; « and loves goes on » titre romantico-dansant qui se prolonge par une ballade mi tempo sentimentale « sail away » où Philip Bailey s’envole lyriquement pour notre grand bonheur. La face 4 confirme cette impression, qu’enfin EWF aborde cette décennie avec des arrangements et des accords originaux. Le titre « faces » est un titre instrumental comme une improvisation de jazz fusion, ce qui peut paraitre un peu étrange est peut être la clé de l’énigme, « faces » est-ce un album des 70’s ou des 80’s ?    

Face 1 Face 2
Let’s groove Kalimba tree
Lady sun You are a winner
My love I’ve Had enough
Evolution orange Wanna be with you
  The changing times

Mon avis : l’album s’ouvre avec une voix synthétique (vocoder), comme un clin d’œil à une vision de la modernité musicale des années 80 que le groupe veut épouser. Le duo complice et complémentaire entre Maurice White au timbre alto et Philip Bailey, soprano, fonctionne à merveille. L’instrumentation, qui met en avant une basse électronique et un Rhodes cristallin, est clairement restituée grâce à un enregistrement qui privilégie la clarté à la densité. En cohérence avec la musicalité du groupe, à l’orchestration de cuivre qui sonne toujours aussi bien, s’ajoutent de nombreux sons synthétiques, le tout convergeant vers un ambitieux dessein musical quelquefois quelque fois bassement réduit à une logique groove destinée aux pistes de danse. « my love » est comme une éclaircie dans l’ombrageux horizon musical qui s’ouvre devant EWF dans cette décennie.

Créez votre propre site internet avec Webador