THE CONTROLLERS sont Reginald et Larry McArthur, Lenard Brown et Ricky Lewis. Originaire de L’Alabama, ce groupe indéfectible de R&B / soul s’est formé en 1964 sous l’appellation de SOUL CONTROLLERS avant d’en changer en 1970. Comme de nombreuses formations de cette génération, THE CONTROLLERS prennent un tournant musical funky au début des années 80 sans jamais renier le registre de chanteurs de ballades toujours présentes en nombres dans leur album. A la fin des années 70, ils se localisent à Miami chez Juana records. Leur premier album pour le label « somebody’s gotta win, somebody’s gotta loose » produit en parti par Frederic Knight ne rencontre qu’un succès modéré, il en va de même pour les autres qui suivent sous ce label. En 1984, ils signent chez MCA pour l’album éponyme « the controllers » qui expédie « crushed », avec Stevie Wonder à l’harmonica, à la 30ème place des charts.
Leur plus gros succès sera « stay », issue de l’album du même nom en 1986, qui atteindra la 12ème place. Bien que THE CONTROLLERS placent dans leurs albums quelques titres au tempo plus allant dans un groove raffiné, ils ne parviennent pas à séduire autre qu’un public d’initié. En 1987, « for the love of my woman » reprend la formule qui plaît aux fans, c’est à dire de nombreuses balades nostalgiques plutôt bien ficelées et trois morceaux rythmés avec compétence, dont « my secret fantasy » également présent dans l’album précédent ! L’album « just in time » est le plus osé techniquement et donc le plus risqué artistiquement. Enregistré chez Capitol en 1989, il rassemble un panel de musiciens et d’arrangeurs assez en pointe en cette fin de décennie. Le contenu avant-gardiste pour l’époque sonne relativement électrique tout en gardant un esprit urban groove. Après un long silence, THE CONTROLLERS reviennent en 1997 avec « clear view » un album intimiste fait pour les fans de la première heure.

Mon avis : Au positionnement soul / funk indiscutable, THE CONTROLLERS ne daignent pas utiliser les techniques instrumentales du moment qu’ils mettent au service de leur sensibilité. « Distant lover » lente ballade R&B /soul, met en avant les aptitudes vocales du groupe, comme gage de sérieux dans la qualité d’interprétation des titres de l’album.
« stay » en est la pièce maîtresse, à mi-tempo sur boite à rythme Roland TR, il s’en dégage une atmosphère de groove et de séduction en accord avec l’image que le groupe va distiller tout au long des autres morceaux. Barry Eastmond réalise ici un travail d’orfèvre, les instruments s’imbriquent harmonieusement sans tomber dans la facilité ou la caricature de nombreux albums contemporains. THE CONTROLLERS sont sur leur 31 pour un grand rendez vous avec les amateurs de soul/funk les plus exigeants. Jouissif !

Mon avis : Un an après l'album 'stay', THE CONTROLLERS rempile chez MCA avec un album de qualité qui renferme tous les bons ingrédients pour les fans de R&B de la (fin) décennie 80. C'est rare pour être souligné. D'une tonalité proche de 'stay', mais davantage orienté westcoast, l'album recèle de pépites ; des ballades sentimentales chiadés et deux titres rythmés funky ; "for the love of my woman" et " keep in touch". Le dernier titre "my secret fantasy" étant une reprise de l'album précédent.

Sur les ballades, la part belle faite aux claviers type DX7 ou Roland E n'est pas originale en soit pour l'époque, mais le musicien qui est derrière (non crédité) semble avoir une formation de jazz classique assez solide : Greg Karukas ? En tous cas, là ou "for the love of my woman" se démarque des autres productions de R&B est la dextérité des musiciens qui habillent élégamment des compositions romantiques ou sentimentales et les arrangements qui rivalise avec ceux des grosses pointures de la côte Ouest.

Avec l'esprit R&B, THE CONTROLLERS, qui a de la bouteille, lorgnent sur la funk tout en édulcorant la cuvée 1987 d'une dose de rêverie westcoast. Le marketing de la pochette nous le montre bien.