« La fusion du jazz et du funk était une évidence pour ces artistes pionniers afin qu’ils expriment leurs créativités festive de leur époque sans reniement des exigences de la technique ni même de l’âme jazz qui les envoûte »

Bernard Wright

Bio

Bernard Wright alias ‘Nard’ est une figure à la fois emblématique et confidentielle du foisonnement musical post disco New Yorkais. Natif du quartier Jamaica du conté du Queens à New York, filleul de la chanteuse Roberta Flack, il a fait ses études musicales à la très réputée High School of Performing Arts de New York. Claviériste hors pair, Il est repéré et enrôlé à 13 ans sur les tournées de Lenny White ; batteur de jazz fusion (RETURN TO FOREVER) et Tom Browne, celui-ci lui ouvre les portes des studios G.R.P. du tout nouveau label de jazz fusion fondé en 1978 par les légendaires compositeur/pianiste de jazz Dave Grusin et son associé Larry Rosen ; ingénieur du son.

En parallèle, il est recruté comme claviériste de session sur quelques albums dont « sure shot » de CROWN HEIGHTS AFFAIR, et « coming to you live » de Charles Earland. Mais c’est sur les deux premiers albums de Tom Brown, où il assure les claviers ; piano acoustique, Rhodes. En 1981, GRP lui offre un pont d’or avec un album : ‘Nard ; un concentré de savoir faire G.R.P. et une implication personnelle de Dave Grusin sur le plan artistique et sur la gestion légale pour un artiste de 16 ans ! L’album sortie se classe 7ème dans le Billboard des albums jazz. Cet album est devenu culte par la suite pour les connaisseurs et amateurs de jazz funk à cause de nombreux sampling dont il a été la source pour les rappeurs des années 90. En 1983, son deuxième album « funky beat » (℗1983 Arista) et dans le même esprit que le premier avec des arrangements maitrisés sur les titres produits par le tandem Grusin/Rosen, mais insuffisamment sur ceux produit par Bernard Wright/Lenny White qui montrent déjà un tropisme de l’artiste vers les sons électrofunk urbain ; peut être pertinent à l’époque mais désuet aujourd’hui. L’album suivant « Mr Wright » (℗1985 Manhattan) produit par Lenny Wright/Marcus Miller confirme cette inflexion vers le funk à orientation club. Même s’il s’est classé honorablement dans le billboard R’nB et les charts single avec « who do you love », « Mr Wright » apparait avec le recul comme un naufrage artistique pour un pianiste de jazz qui a tenté de naviguer sur des courants musicaux dont il ne connaissait pas les codes. Il continue en parallèle ses activité de musicien de session oscillant entre R’nB et jazz fusion, notamment avec David Sanborn et sur le désormais culte « tutu » de Miles Davies. Entre 1987 et 1990, il tente le funk et le hip/hop au sein des JAMAICA BOYS avec Lenny White et Marcus Miller. En 1990, il tente le gospel, en vain. Dans les années 1990, il redevient compositeur/musicien de studio actif entre le jazz et le R’nB et parfois avec quelques artistes de gospel. Jusqu’à sa disparition tragique en 2022, Bernard Wright n’a eu de cesse de jouer, de composer, de produire de la musique librement pour les artistes avec lesquels il avait envi de travailler sans souci de répertoire si ce n’est qu’il a été partagé entre l’amour du jazz fusion et ses légendes qu’il a côtoyé et la musique urbaine qui l’a toujours fasciné.

Discographie

Mon avis : Dave Grusin et Larry Rosen avoue avoir été très impressionné par ce jeune de 16 ans qui joue avec beaucoup de maturité le jazz. Mais le souhait de Nard d’encrer des lignes de jazz dans un environnement funk urbain a été pleinement respecté par les producteurs qui signent ici une des plus belles productions de leur jeune label GRP. Globalement ‘Nard fait le lien entre le groove festif de son Queens natif et l’universalisme du jazz que seul un grand artiste et un grand producteur peuvent appréhender voire toucher du doigt. La rencontre entre la créativité juvénile de Bernard, l’expertise sage de Dave, ainsi que des moyens humain et technique de production conséquent a décanté en 9 titres détonants. « master rocker » ouvre le bal avec solennité une réinterprétation . On rentre dans le dur avec "firebolt hustle"» ; du jazz funk pur avec cuivres énergiques, riffs de guitare, solos de sax et de piano en mode improvisation.
"haboglabotribin’" est un titre original qui s’apparente par l’usage d’un mélodica et d’une clameur de parc d’attraction à un jazz funk raconté et joué aux enfants par des guignols mais avec une touche jazz redoutable. "spinnin’" reprend une dramaturgie plus sophistiquée par une alternance d’un thème rude, cuivré débridé de R’nB / hard bop entrecoupé de ponts de smooth jazz soyeux et élégants. Les accords inversés de ‘Nard aux Rhodes font merveille. La face 2 reprend globalement la formule qui marche, c’est l’avantage des productions homogènes. « "just chillin’ out" » est une invitation à faire la fête sur un air de funk façon Welcome to New York. "bread sandwiches" est un titre instrumental faussement easy listening, car il recèle beaucoup de subtilité dans la composition. "music is the key" est une ballade smooth interprété par Bernard Wright dont la voix l’oriente vers la soul et ses solos de pianos vers le jazz fusion. ‘Nard ne pouvait terminer sans se confronter au jazz classique, c’est chose faite avec "solar", un trio. Et comme le disait si justement Dave Grusin, Bernard Wright joue comme s’il avait eu une vie derrière lui. On aurait aimé qu’il continue ainsi des années durant.

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