
A tort ou à raison, on a tendance à résumer l’œuvre de Quincy Jones à la production des trois albums de Michael Jackson de 1979 à 1987. Il est évident que sa notoriété internationale a bénéficié de cette alliance sublime et inédite. Cependant, Quincy a eu une vie avant qu’il faut aussi reconnaitre pour la construction de sa légende., Sa longue carrière depuis mi décennie 50 d’abord comme trompettiste, chef d’orchestre, puis arrangeur et plus tardivement producteur avec près de 30 albums solo dans le jazz, puis le soul/jazz pour venir embrasser la funk à la fin des années 70. Sans oublier ses innombrables collaborations avec les légendes du jazz ; Sarah Vaughan, Count Basie, Ray Charles, Gene Krupa… et du music hall ; Frank Sinatra, Barbra Streisand…Les générations d’artistes qu’il a servi tout en continuant à apprendre où à se former tout au long de sa carrière ont largement contribué à assoir sa réputation puis sa légende. Les musiques de films qu’il a composé dont : « guet-apens », « the wiz », « la couleur pourpre »… sont encore dans les mémoires de ceux qui les ont vu et écouté leur bande son.
Quincy a traversé les époques, parce qu’il a su s’ouvrir et s’adapter aux évolutions musicales en parallèle qui vont avec celle de la culture. Varier ses collaborations ont été autant d’opportunités artistiques, mais aussi, il faut l’admettre commerciales, sans pour autant renier son éthique du travaille bien fait qu’il a mené sans relâche jusqu’à sa rupture d’anévrisme en 1974. Ses 6 mois de repos ont été qu’une parenthèse pour reprendre de plus bel ce qu’il le faisait vibrer et aimer la vie : la musique.
Sa rencontres avec les Brothers Johnson en studio, Chaka Khan dans un avion en en 1975, Michael Jackson sur le film « the wiz » ont été des jalons dans la réorientation de sa musique vers la R’nB et le funk. Mais c’est surtout le recrutement de Rod Temperton en 1979 qui a eu un impact considérable sur le contenu de ses productions. Ce dernier, initialement claviériste-arrangeur et membre du groupe discofunk Anglais HEATWAVE, a servi des arrangements haut de gamme qui ont contribué à parachever l'œuvre son oeuvre. Il y a eu un avant et après son recrutement. Ainsi, les productions de Quincy Jones à partir de 1979 prennent un véritable élan et sortent des carcans de la musique black jazz élitiste ou R’nB racialisée vers la pop-funk mainstream et populaire. Leur collaboration perdura jusqu’en 1995. La production musicale a été pour Quincy un métier qui va bien au-delà de l’enregistrement d’un album. Lorsqu’il s’y impliquait (comme producteur artistique et non pas comme producteur exécutif), il a du réfléchir à la direction artistique qui convenait à l’artiste, prendre le pouls des tendances du moment, organiser les sessions de studio, recruter à l’oreille les meilleurs musiciens pour chaque projet ou même pour chaque titre, faire composer ou acheter des droits, enfin s’investir comme arrangeur, voir même participer à chaque étape de l’enregistrement, l’ingénierie musicale et même des choix marketing de jacket ou de promo pour créer quelque chose d’original.. Sur ce point, il faut aussi rendre hommage à Bruce Swedien, son ingénieur du son attitré, qui a contribué aussi au cachet sonores des productions de Westlake studios. Ces albums au fameux logo sont perçus comme une promesse. La promesse d'un lendemain qui chante que nous pouvons toucher du doigt grâce à la musique que Q nous a offert.



Mon avis : Q qui n’a jamais cru au DISCO, a réitérer le choix du funk pour sa troisième collaboration artistique avec THE BROTHERS JOHNSON. Un son funk radical à destination d’un public noir racialisé avec un léger compromis de jazz fusion sur les titres instrumentaux. Le budget de production plus conséquent que pour les opus précédents, a permis la recrue de musiciens plus nombreux surtout au niveau des cuivres et prestigieux, issus du jazz fusion avec Larry Carlton, Jerry Hey, Steve Khan, ou de la pop avec David Foster pour sa touche mélodiste, et de Steve Porcaro pour sa programmation synthétique. Bruce Swedien a été convié pour mettre tout cela en pistes avec son Acusonic Recording Process. « blam !! » arrive à tirer la quintessence du jeu slapé de Louis Johnson et de la guitare de Georges, même si leur voix, il faut l’admettre ne sont pas des plus harmonieuse. Qu’importe « Blam !! » est adapté à leur style et préfigure le son Q des productions qui suivront avec des chœurs généreux, des cuivres nerveux, des solos de synthé transcendants et les arrangements subtiles qui sont mis en œuvre, même s’il n’en parait rien. Le groove suinte comme une soirée chaude d’été "ain’t we funkin’ now", "ride or rocket", THE BROTHERS Johnson sont capable d’émouvoir avec "so won’t you stay" ou nous entrainer dans un délire presque psychédélique avec l’instrumental "street wave". Du gros son pour les mordus de funk, Q a marqué des points pour la suite et le meilleur est à venir...



Mon avis : RUFUS, réputé pour son noyau rythmique précis et vivant, est pris en main par Quincy Jones et son bras droit d’arrangeur Rod Temperton pour plus d’envergure et d’audace dans la ligne mélodique. La qualité d’enregistrement, qui allie rigueur et amplitude, met véritablement en valeur les nuances de voix de Chaka, ainsi que les performances de premier plan de Tony Maiden et de John Robinson. Un fond de cuivres livre une compétition aux cordes pour une tonalité qui oscille sans cesse entre Jazz et soul. En effet, bien qu’entièrement rythmé mécaniquement façon groove, il est difficile de trouver le titre fait pour la piste de danse populaire tant les arrangements complexes des titres de l’album exigent attention et l’écoute. Avec un peu de concentration, on peut très bien dandiner sur "body heat" qui renferme tous les ingrédients d’un bon disco même s’il n’en a pas la saveur. On remarque en outre une relative absence de synthétiseurs qui se font enfin entendre sur "I’m dancing for your love"; titre R&B funky avec une coloration space psychédélique qui rappelle l’univers des BROTHERS JOHNSON et sous certains aspects celui de Quincy Jones.



Mon avis : L’album réunit tous les ingrédients pour une réussite artistique et commerciale. Une brochette de musiciens de jazz et de fusion chevronnés pour des titres groove jazz funk et des ballades jazzy qui profitent pleinement d’un enregistrement aérien conférant une spatialité aux instruments, notamment à la guitare Ibanez de George. Celui-ci survole très à l’aise cet univers musical très fouillé sur les morceaux instrumentaux comme "off broadway" et "dinorah, dinorah" et les titres chantés dont "give me the night" taillé pour être un hit en puissance. Beaucoup de ballades light mellow mettent en avant sa voix charmeuse et suave avec en arrière plan une instrumentation soul jazz infaillible. Derrière, aux manettes, Quincy Jones est au sommet de sa créativité.



Mon avis : Après une écoute minutieuse, on hésite à qualifier « every home should have one », un très bon album de variété R’nB ou un album de soul/funk un peu laborieux. Enregistré entre les studios de Westlake en Californie et ceux de Mediasound à NewYork, il bénéficie de savoir faire indéniables en terme d’arrangements et d’instrumentalisation mais peine à trouver un souffle à la hauteur des attentes pour une production de Quincy Jones. Q certainement pressé par une Patti trop impatiente ou trop occupé à fignoler son projet « the dude » a délégué à Rod Temperton un rôle qui va bien au-delà des arrangements. La production artistique d'un "premier album" chez Quest de Patti Austin se devait d’être davantage réfléchi et composé plus originalement en amont afin qu’elle imposât un style, une identité plutôt que de proposer des titres standardisés. Certes, la patte de Q est présente, arrangements au petits oignons, notamment sur "baby come to me", "love me to death" ou la reprise du classique de P.I.R "stop, look, listen" , Patti Austin en a sous la semelle avec ses bridges légendaires mais l’ensemble n’arrive pas au niveau des productions précédentes et suivantes de Quincy Jones.



Mon avis : Initié par le directeur du label, la rencontre entre Donna Summer, artiste aux tubes planétaire et Quincy Jones ; producteur auréolé au sommet de son talent, était une promesse alléchante, voire excitante. La production de l’album « Donna Summer » se devait être celui du renouveau pour cette ex reine du DISCO après l’énorme succès de « bad girls » (en 1979) et un challenge pour Quincy Jones afin de confirmer son statut de producteur star en musique mainstream. L’album commence bien ,même très fort avec "love is in control" ; titre funk détonant de vitalité et de trouvailles instrumentales avec la programmation synthétique. Suit "mystery of love", un titre quiet storm qui semble parfaitement épouser le style requis pour Donna S. de 1982 : une pop suave et sexy avec une instrumentation tout autant à l’apogée. "the woman in me" confié au musiciens de TOTO reproduit ce schéma tout en l’orientant un peu plus vers les meilleurs standards westcoast. Le clou revient à "state of indépendance" un titre électro pop ambitieux par son aspect hymnique et sa chorale puissante qui réunit le gratin des artistes californiens pour une ode new age. C’était osé mais le publique européen a beaucoup apprécié. La mission de Q parait remplie pour Geffen records. Malheureusement la Face 2 manque sa cible, "livin’ in américa" , en dépit de quelques artifices funky séduisant tombe dans la chorale d'une kermesse d'enfant du 4 juillet, "protection" est une tentative de rock inopportun malgré la présence de Bruce « the boss » Springteen…il faut patienter la fin de la galette pour que la lumière se rallume avec "lush life" titre de jazz vocal surprenant dans un album tournée vers la pop mais qui réunit enfin le talent de Quincy Jones dans ses arrangements et une diva qui excelle là où l’on l’attendait pas. Les mauvaises langues diront que « Donna Summer » est un tour de chauffe avant « thriller », c’est méconnaitre Quincy Jones, qui en grand producteur qu’il fut, ne triche pas sur le temps et l’énergie qu’il consacre à l’élaboration d’un album…à condition qu’il ait à disposition des titres forts à mettre sur son pupitre. Il en a manqué pour « Donna Summer » qu’il faut désormais voir comme une semi-réussite artistique plutôt qu’un semi échec commercial et ce, en leur mémoire.



Mon avis : Quand Quincy Jones s’entoure des meilleurs musiciens de la côte Ouest du moment, le résultat est bluffant. « It’s your night » est une de ses plus belles production pop funk. Il faut dire aussi que l’enregistrement en studio a duré six mois, c’est dire s’ils ont eu le temps de peaufiner l’album ! Longtemps attendu pour finalement bien naïtre. Celui ci a une coloration « west coast » bien affirmé avec un juste dosage de jazz et de funk. "try your love again" et "one more rhythm" sont des grooves funk jazzy très convaincants et très puissamment interprétés par James. Ils sont agrémentés d'un jeu élégant de section de cuivres . Quelques ballades dans le plus pure style Californien avec "She loves me", "Whatever we imagine" et "There’s no easy way" viennent renforcer la sensibilité et l’affectivité de James. Un hit pop funk en puissance « Yah Mo be there » en duo avec Michael McDonald lui permet de se positionner dans les charts pop et le marché international. Un album relativement bien construit sur le fond et la forme dont le savant dosage entre les styles et les approches en ont fait une valeur sûre.
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