« Leurs talents se nourrissent de leurs racines qui jouent au plus profond d’eux même comme une musique des vie passées qui ressurgit et déborde de vitalité. »

MTUME/LUCAS productions

BIO

Derrière ce sigle signé aux versos de nombreux disques de Funk de la fin des années 70 jusqu’au début des années 80, se cachent Reggie Lucas et James Mtume ; prolifiques producteurs principalement basé à new York. Sur une courte durée; de fin 70 au début de la décennie suivantes, ils ont été sous MTUME/LUCAS PRODUCTIONS aux manettes derrières des artistes reconnus et recompensés comme Stéphanie Mills, Phyllis Hyman et bien d’autres. Avant cela, Reggie Lucas était un obscur guitariste de fusion jazz avec à son actif un unique album ; « survival themes » en 1976, James Mtume un percussionniste originaire de Philadelphie, fils du saxophoniste de jazz Jimmy Health
MTUME (on prononce EM-TOO-MAY) est une formation soul éponyme de son leader James Mtume ; producteur et percussionniste. Mtume qui a un certain flair recrute Reggie Lucas, et enrôle la fine fleur des musiciens New New-yorkais de l’époque dont Hubert Eaves,IV issu du jazz fusion et Harry Whitaker aux claviers, Howard King à la batterie, Basil Fearington à la basse, Ed Moore (guitare) et Tawatha comme choriste féminine.

Pour donner une ambiance soul et féérique sur certaines ballades de leurs productions, l’orchestration des cuivres et des cordes est confié à Wade Marcus ; un arrangeur déjà chevronné. MTUME/LUCAS est binôme gagnant qui s’explique par la complémentarité de deux talents mais aussi de l’addition de deux approches différentes pour faire de la musique ; le premier s’appuie sur l’écriture et l’orchestration, le deuxième plus instinctif a une approche plus intuitive et naturelle d’aborder le funk.
Au début, l’harmonie se faisait entendre par des productions homogènes et propres dans un registre R&B/funk assez classieux pour des artistes comme Stephanie Mills, Rena Scott ou Phyllis Hyman. A la clé, la récompense suprême avec un grammy award dans la catégorie meilleur chanson R’nB pour « never knew like this before » interprété par Stephanie Mills en 1980. Il y aura une escapade vers la fusion jazz avec l’album solo de Gary Bartz et la production d’album ou de titre pour des artistes d’horizon différents.
On peut remarquer l’étrange similitude de sonorité dans toutes leurs productions, seuls les artistes semblent interchangeables. L’irruption de la funk dans l’univers R’nB, va mettre à mal leur association, même si ce virage reste bien négocié avec Marc Sadane et même avec THE REAL THING, une dissension va apparaître à la fin de 1982, querelle d’égo ou véritable conflit dans le choix artistiques de production. Certains parleront de stratégie musicale divergente. En 1983, Reggie Lucas se sépare définitivement de Mtume. MTUME continuera d'exister pour 3 albums, alors que Reggie Lucas se réinvente une destiné pop en produisant le premier album de Madonna. Juste avant, il aura été membre éphémère de SUNFIRE avec Raymond Calhoun et Roland Smith. Hubert Eaves bifurque chez PRELUDE records où il se lance en tandem avec James "D TRAIN"  Williams. En tout cas leur carrière respective restera arrimée aux années 80 et la décennie suivante sera moins prolifiques pour eux. Mtume/Lucas n’aura peut être pas marqué l’histoire de la R’nB mais les puristes de funk eux s’en souviennent vu le grand nombre de sampling prélevés sur leur catalogue. James Mtume est parti pour de bon en 2022.

 

PRINCIPALES PRODUCTIONS DISCOGRAPHIQUES

Mon avis : L’avis émis sur l’album de Stephanie Mills « sweet sensation » peut très bien s’appliquer sur celui-ci tant il est ressemblant sur le fond et la forme. Un consensus mou entre une orchestration soyeuse et une rythmique mesurée en fait un album agréable à écouter de bout en bout sans lasser, ni surprendre et encore moins pour danser. Mais le travail de production et les arrangements sont généreux et sérieux. Les titres « you know how to love me » et « under your spell » sont les phares de cet album, titres entrés dans le top 20 de l’époque, ils mettent en valeur le timbre soyeux et jazzy de l’artiste décédée brutalement en 1995. Un bon album dans le genre soul commercial saupoudré de disco-funk.

Mon avis : Le titre suggestif de l’album est déjà une indication sur le contenu ; du disco new new-yorkais qui tourne comme un métronome bien réglé pour une interprète aguicheuse sans envergure particulière. Des mélodies simplistes servent de prétextes à des rythmiques diablement efficaces ; l’esprit disco avec un vernis de R’nB pour les auditeurs ou les fêtards blacks de la fin décennie 70. Le noyau dur de Mtume/Lucas production est servi sur un plateau pour cette superbe métisse.  Les musiciens sont stimulés; les arrangeurs inspirés ; le glamour aide, voire excite.

Mon avis : Production New New-yorkaise pure sucre sur un label d’ordinaire plus orientée vers le son californien, Marc Sadane ou plutôt le tandem Mtume/Lucas nous sert un funk pur et punchy qui va droit à l’essentiel. Des mélodies calibrées pour une surenchère rythmique efficace ; moog bass qui taille dans le vif du sujet. L’album démarre avec « one minute from love » un coup de canon qui renvoie les orchestrations sirupeuses ou disco des productions précédentes dans le passé (pas si lointain). Avec « baby won’t cha » l’artillerie lourde est de mise pour le bonheur des amateurs de gros son funky. L’évolution attendue et remise sans cesse est en marche, le tandem fonctionne parfaitement, la fine fleur des musiciens de la grosse pomme est là ; Dean Gant, Ed Walsh au synthé et à la programmation ont un rôle préponderant, les autres sont chez eux ou les bienvenus, Raymond Calhoun (GAP BAND) ou Marcus Miller sont en guest. Tawatha (en duo sur « baby won’t cha ») est la caution masculine de Marc, bref du beau monde pour du bon funk. Malheureusement cette idylle était trop belle ; c’est le dernier album de Marc (ça on peut le supporter) et c’est aussi la dernière production de la "dream team" Mtume/Lucas. « exciting » vient nous rappeler que la funk opportuniste peut être une musique aussi jouissive qu’éphémère.

Mon avis : « sunfire » est la toute dernière production du tandem Mtume/Lucas avant séparation du binôme et certainement la dissolution de MTUME/LUCAS PRODUCTIONS. La réalisation artistique est prise en main par Reggie Lucas avec sa jeune et éphémère formation réunie pour la circonstance en Raymond Calhoun, le batteur, Rowland Smith le chanteur. Reggie Lucas, toujours à la gratte, fait ce qu’il sait faire de mieux en tant que musicien, sans apporter d’innovation majeur par rapport aux productions précédentes. Bien que crédité 1982, la musicalité est plus dans la tonalité de 1983, une nuance de taille à une époque où l’évolution musicale est très rapide et qu’il fallait sans cesse être à la pointe des technologies. SUNFIRE emploi des claviéristes-programmateurs de session habiles et chevronnés de New-York pour accompagner de moogbass sa rythmique et renforcer son expression funk sur de nombreux titres, au détriment peut être d’un enrobage plus R&B à l’instar des productions précédentes. La voix de Roland Smith est en dessous de la musicalité de l’ensemble. Mtume relégué au rang de percussionniste additionnel n’est pas un bon signe, mais Reggie Lucas montre qu’il peut s’affranchir de MTUME et prendre sa carrière de producteur en main, la suite ne lui donnera que partiellement raison.

 

Mon avis : Après "in search of the rainbow seekers" album au contenu post-disco assumé, MTUME fait une transition vers un univers funk, urbain New-Yorkais, stylisé et instrumentalement plus sobre. Sans Reggie Lucas, cordes et cuivres délaissés, Mtume resserre la production autour de son équipe de musiciens fidèles pour un funk au tempo plus programmé que joué ; les basses électriques et le moog sont structurantes ou enveloppantes, Tawatha se positionne en diva dévouée et convaincue. Ed "Tree" Moore, adroit à la gratte sèche, Philip Field qui distille quelques effets de claviers KORG, font que "Juicy fruit" est un album précurseur du street beat sans faire le saut de l'"electric boogie". Juicy free, sans être culte, reste un album de référence pour les adeptes de funk pur des années 80

Mon avis : Après "juicy free", "you, me and he" est un prolongement de l'univers funk de MTUME vers des rivages soul pour des morceaux à la rythmique ralenti et encore davantage stylisée. Ce qui renforce plus un sentiment de solitude des interprètes que la joie de jouer ensemble. Ce n'est pas déplaisant à écouter, mais l'album peut laisser une impression de mélancolie, les mélodies ne se prêtent pas à danser ou à se lover en ballade sentimentale classique, mais à une immersion dans la psyché des deux protagonistes de l'affaire, Mtume et Tawatha. "tie me up" rattrape un peu le manque de nervosité de l'ensemble par un funk d'ambiance entre amis que pour une audience radiophonique.

Un projet un peu égocentré, aussi bien arrangé qu'il est, ne permet pas de susciter un enthousiasme large sauf pour un public acquis à "EM-TOO-MAY".

Créez votre propre site internet avec Webador