Midori Hara a occupé une position singulière dans l’univers discographique j-pop de la fin décennie 80 et à début 90. A coté des idoles pop juvéniles de sa génération formatées aux images glamour et sensualisées, elle a entamé une carrière dans un registre pop teintée de jazz fusion et de soul qu’elle interprète d’une voix soprano lamento qui exprime plus attitude militante que séductrice. Née en 1966 à Utsunomiya dans la préfecture de Tochigi, elle est  2^ème sororie. Bien que sa bio officielle mentionne un début de carrière comme chanteuse en 1989, après qu’elle remporta le grand prix lors d’une audition pour Nippon Columbia au coté (en duo) de Kazuo Zaitzu puis en formation avec SPANK HAPPY, elle a enregistré 3 albums solo entre 1988 et 1989 qui auraient mérité davantage l’attention des médias pour leur contenu artistique.

Les politiques commerciales des labels masquent dans la discographie des artistes les albums qui n’ont pas marché, Midori Hara a vu sa biographie écrite pour mettre en avant ses succès au sein de SPANK HAPPY, formation électro-pop  commercial masquant un moment ses albums solos précédents. Le goût pour le vintage et le renouveau du vinyle n’a pas épargné le japon, « MiDo » et « Ko.Ko.Ro.Note » sont devenu des albums cultes, après que leur côte se soient envolés, ils ont été réédité pour le bonheur des audiophiles et ont réhabilité Midor Hara comme une véritable auteure-compositrice-interprète sans pour autant interférer avec la carrière d’artiste élargie actuellement à l’art contemporain et à la poésie.

Mon avis : « MiDo » s’inscrit à contre courants du mouvement électro-pop des productions de son époque. Il privilégie l’instrumentation électro acoustique ; batterie, basse, cuivre même s’il embrasse intelligemment les claviers analogiques type DX-7, ce qui lui donne une tonalité vintage familière pour ceux qui ont vécu cette époque. Le titre A-2 en est même un éloge amoureux de ces accords cristallins transcendants les courants musicaux. L’album brouille les pistes en jouant des codes harmoniques, ce qui empêche toute tentative de classification ; pop, Kayōkyoku, soul, funk, R’nB, jazz fusion… ce qui fait sa singularité mais aussi peut être son manque d’audience à sa sortie, car trop avant-gardiste pour l’époque. Midori Hara n’est pas MJ et ne pouvait porter sur ses épaules une production artistique aussi personnelle et ambitieuse sans une notoriété préalable façonnée en amont par une promotion plus conséquente. L’O.V.N.I d’hier fait le classique pop d’aujourd’hui, qui sans être un masterpiece s’en approche par sa qualité et son originalité par rapport aux productions J-pop paillette & nymphette suranné de son époque.

Mon avis : Malgré un changement de casting important dans le crédit de la direction artistique et de l’équipe de musiciens embarqués, Midori Hara réitère sur son créneau qui lui a réussit artistiquement sur son premier opus : un mélange de funk, de jazz, de soul et de pop qu’elle réussit à porter de manière crédible. Midori n’est pas une diva ou une chanteuse à voix, ce n’est pas son registre, elle est une passeuse d’émotion torturée. C’est peut être l’âme soul de l’album. A-2 est un titre A.O.R. de haute volée, une incursion dans le jazz fusion arrangée et jouée avec maestria par certainement des musiciens de studio chevronnés. La ballade A-3 et A-5 installent définitivement Midori Hara dans le club restreint des artistes interprètes de niveau international qui impose un style, une voix et quelque part une émotion. Les autres titres, de bonne facture, s’inscrivent plus dans le répertoire j-pop vers lequel « Ko.Ko.Ro.Note » a tenté légitimement de lorgner sans sacrifier la qualité d’écriture sur le fond mais en faisant un compromis sur la forme afin de séduire un publique nippon friand de j-pop du moment.