Billy Paul, né Paul Williams en 1935 à Philadelphie, est incontestablement l’une des vedettes les plus charismatiques du label de Philadelphia qu’il a rejoint en 1971. Ayant commencé sa carrière très jeune au début des années 50,  il a chanté dans les chœurs de Dina Washington et Miles Davis et apparaît brièvement avec THE BLUE NOTES. Dans les années 60, il forme un trio soul/Jazz, mais son premier album solo « Feelin' Good At The Cadillac Club» sort en 1968 chez Gamble Record en collaboration avec le duo de producteur K. Gamble/ Leon Huff. Vient ensuite « going east » qui marque le début de sa collaboration avec le label PIR. Il faut attendre 1972 pour que le hit "Mr and Mrs Jones" issu de son deuxième album pour le label « 360° of Billy Paul » le révèle internationalement. "Mr and Mrs Jones" s’est placé n°1 dans les charts pendant 3 semaines et s’est vendu à 2 millions d’exemplaires; Il demeure le titre emblématique de sa carrière. L’album fut disque d’or et le ‘single’ disque de platine. Viendront ensuite 6 albums pour le label, avec toujours son interprétation à la fois volontaire, joyeuse et optimiste sur des titres qui alternent interprétation douce et radicalité soul.  

Son style de voix inimitable à la fois moelleuse et suave, sur un registre soul/jazz teinté de pop ou de funk selon les titres en fait un sérieux atout commercial pour le label. Au-delà des choix artistiques et musicaux toujours salués par la critique, les textes de Billy Paul et son interprétation qui laisse passer ses émotions révèle aussi un engagement d’idées sociétales et philosophiques. « First Class » sorti en 1979 est le dernier album pour le label, qu’il quitte par la grande porte, car il s’agit d’un de ses meilleurs enregistrements. La suite est faite de deux albums moyens et de quelques apparitions sporadiques à l’occasion de tournée ou de gala jusqu'à ce qu'il ait rejoint l'"éternel" en avril 2016.

Mon avis : Billy Paul nous sert un album fait sur mesure pour lui par un casting d’arrangeur/producteur resserré autour d’un objectif double : prolonger l’esprit soul des deux albums précédents et promouvoir une orientation disco groove faite maison. Le pari est réussi. Billy Paul signe ici l’album qui lui ressemble le plus ; une interprétation optimiste et séduisante à laquelle s’ajoutent des voix de chœurs sensuelles féminin. La musicalité est moelleuse, l’enregistrement frise la perfection. La rythmique très avant-gardiste est en avance pour son époque, bien d’autres artistes s’en sont inspirés après lui. P.I.R. est la maison mère du disco, certains titres le prouvent dont le dévastateur « love won’t come easy ». Comme sur beaucoup d’album de Paul, la face 1 est « the rythm side », la face 2 « the slow side ». Dexter Wansel aux claviers sur certains titres apporte une touche psyché qui n’est pas sans rappeler le travail réalisé sur son album « life on mars ». Une réussite artistique à la hauteur du marketing de l’album qui suggère plus les clubs branchés que le ghetto noir urbain qui accompagne souvent l’image de la soul.    

Mon avis : Certainement l’album le plus complet par la variété des compositions et le plus abouti par le rendu fouillé des arrangements. Les ambitions artistique et commerciale se mesurent à un casting de musiciens à son service plus important que dans la norme du label. L’aspect soigné de la pochette qui signe un choix marketing à l’image du titre ; de première classe. Tout en conservant l’esprit et le ton qui ont fait les succès des albums précédents, Billy entreprend une évolution rythmique et orchestrale vers un style soul funk ; des cuivres dynamiques, une guitare cocotte, des basses plus accrocheuses pulsent « false faces », « bring the family back » et « Critical » (très enfiévré) vers la piste de dance. La face B est dans l’esprit de l’album « when love is new » oscillant entre compositions de jazz et ballades soul plus conventionnelles. La classe !