Sandra Sá

SANDRA SA

Bio

Sandra De Sá est une icône noire brésilienne de la musique populaire de son pays. Sa renommée va bien au-delà de ses racines afro-brésiliennes de Rio de Janeiro qui ont irrigués son talent puisqu’elle a fait rayonner la culture brésilienne comme une véritable ambassadrice de la musique soul/samba dans les Amériques et à travers le monde. Native de Pilares, une banlieue de Rio de Janeiro, où elle a vu le jour en 1955, petite fille de Cap-verdien, elle est la fille d’un batteur de Samba et sa famille élargie les Sás sont musiciens et jouent pour différents clubs lors des bals de carnaval.

Autodidacte, elle s’immerge dans la culture musicale de son époque, apprenant la guitare à l’école et fréquentant les salles de danses et de musique de son quartier. En parallèle, elle commence à composer tout en s’imprégnant de "ces cultures venues d’ailleurs" comme une fenêtre sur le monde dans un contexte politique de dictature militaire. La musique reste un espace de liberté pour les artistes et Sandra De Sá a une soif d’émancipation. En 1977, elle entame des études de psychologie qu’elle abandonna, trop occupée par la composition et la musique. En 1980, Sandra passe un concours musical médiatisé à l’échelle nationale TV Globo's MPB 80 où une de ses compositions "Demônio Colorido" atteint la finale. Elle signe un contrat avec la maison de disque RGE pour 3 albums. Le premier album titré  « Demônio Colorido » bien que répertorié latin funk, est une première ébauche de ce qui sera sa marque musicale; un mix de compositions originales et de contributions d’autres artistes qui modernise la variété vers un esprit pop assumé. L’album suivant enregistré en 1982 est celui de la révélation d’un style et d’une artiste. Simplement titré « Sandra De Sá », il marque à la fois un attachement à la musique traditionnel brésilienne style samba sur quelques titres mais surtout une irruption de plein pied dans la catégorie MPB (musique pop brésilienne) ; interprétation soul ou jazzy avec une instrumentation modernisé avec claviers et cuivres façon BIG BAND. En 1983, « vale tudo » confirme cette orientation MPB post samba pour ce qui est considéré à l’heure actuelle comme étant son meilleur album. Après un passage chez le label Som livre pour un album, Sandra Sá signe chez RCA et s’ajouteront d’autres albums de qualités inégales qui suivront l’évolution du son de cette décennie vers la MPB électro. Qu’importe Sandra De Sá a capitalisé sur sa notoriété qu’elle entretient savamment par des collaborations avec d’autres artistes ; Djavan, Tim Maïa, Caetano Veloso à l’occasion de duos ou d’apparitions médiatisés lors de concerts. Sandra Sá milite aussi pour la reconnaissance de la musique noire brésilienne comme « BBM » au coté de MPB. La décennie 90 et 2000 verra Sandra Sa s’installer durablement dans le paysage médiatique et culturel brésilien comme artiste toujours aussi prolifique même si parfois excentrique mais aussi pour ses œuvres sociales et son militantisme en faveur de la reconnaissance des racines Africaines dans la brésilianité. Tout au long de sa carrière et de sa vie, Sandra Sa a œuvré pour un idéal de métissage qu’elle a initié avec sa musique, catalysé avec sa notoriété et transcendé avec son audace et sa liberté.

Mon avis : « vale tudo » fait parti de ses albums authentiquement brésilien même s’il emprunte tous les codes rythmiques et les ressorts harmoniques des musiques noires soul/funk États Uniens. On pourrait penser à de la copie, mais les titres originaux sont plutôt une réinterprétation de ces styles musicaux avec une inspiration locale et des initiatives créatives des grands musiciens/arrangeurs brésiliens crédités. L’usage d’une moog basse et de claviers feutrés rapproche du funk, l’interprétation de Sandra lamento sur les ballades et chauffeuse de salle militent pour l’originalité plutôt qu'à une imitation pop. Les sections de cuivres au jeu vivant habillent avec maestria les titres rythmés pour accentuer une âme brésilienne derrière la technique et un savoir faire unique en matière de métissage des musiques pour en restituer le meilleur de son époque.

Mon avis : Distribué aux États Unis deux ans après sa sortie aux Brésil, on aurait pu s’attendre que cet album s’adapterait aux marchés US avec des titres en Anglais, il en est rien puisque tous les titres sont chantés en portugais. "joga fora" est un titre qui mêle des artifices musicaux funk vers une forme de chant militant brésilien. "Solidão" est une ballade profondément sentimentale, presque émouvante, la présence d’un chœur gospel, la maitrise des arrangements et la retenue dans les interprétations en font un titre universaliste de niveau variété internationale sérieuse. Pour ce qui est du reste de l’album, ce sont des titres bien ficelés, évidement à dominant pop/funk, plus dans la retenue et la maitrise que dans la surenchère de synthétiseurs et d’autres effets racoleurs. L’album jette un pont entre le brésil et les États Unis en empruntant les codes de la variété urbaine US (plutôt New York soul) pour envoyer une carte postale du pays à sa diaspora lusophone et à ceux qui rêvent de Rio comme une Californie en plus exotique.

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