Michael Franks

michael franks

Bio

Michael Franks est l’un des plus grands artistes de notre temps. En 15 albums de 1975 à 2018, il a creusé son sillon dans la culture musicale américaine, devenant une référence artistique de premier plan pour ceux qui le connaissent et le suivent. Comme un impressionniste, par son écriture, ses compositions musicales et ses interprétations à la voix suave, parfois mélancolique, il a imprimé des images mélodiques qui reflètent les états d’une âme masculine américaine dans son parcours discographique en parallèle avec celui  de sa vie. L’alternance des saisons, la contemplation de simples choses, les années passant, le regard lucide et empathique sur les gens, où les anecdotes du quotidien sont autant de sources d’inspirations pour ses compositions; capables de faire sourire par ses abords candides ou d’émouvoir dans une mélancolie douce et heureuse, mises en musiques par de musiciens de premier plan et des arrangements haut de gamme.

michael franks

Michael Franks est né le 18 septembre 1944 à la Jolla en Californie. Il y a grandi dans une famille où aucun n’étaient musicien. Ils y écoutaient cependant du swing du blues et du jazz vocal ; Peggy Lee, Nat King Cole, Georges Gershwin… ont été ses influences de fait par les albums vinyles joués à la maison. A 14 ans, on lui offre sa première guitare qui allait avec six leçons Individuelles offertes. Elles seront les seules qu’il recevra.
Cet autodidacte de la musique s’est instruit à l’université, Michael Franks y découvre la littérature et la poésie à travers les œuvres de Theodore Roethke, fasciné par ses œuvres d’imagerie et d’introspection. En parallèle, il s’intéresse aussi à la musique, notamment le folk, le rock, qu’il chante en s’accompagnant à la guitare. Il élargie sa culture musicale dans la pop avec Patti Page, le jazz en écoutant Dave Brubeck et Stan Gets, le bossa avec Carlos Jobim.
Licencié et master en littérature comparative, il enseigne la littérature à l’université de Montréal tout en commençant à écrire des chansons. En 1974, il compose des chansons pour des musiques de films dont « Zandy’s Bride » et « cockfighter ». Bien que n’ayant reçu aucune formation musicale, Michael Franks compose à la guitare et joue du banjo et de la mandoline. Ce qui lui a permis d’enregistrer un premier album éponyme dans la discrétion pour un petit label, qui ressortira par la suite titré « previously unreleased ». C’est en 1975 que sort son 2ème album au compteur mais son véritable premier album de sa carrière ; « the art of tea » pour le label Warner Bros. Celui-ci marque sa collaboration avec les membres de THE CRUSADERS de cette époque, dont Joe Sample, Wilton Felder et Larry Carlton ainsi qu’avec le producteur légendaire Tommy Lipuma. En 1977, l’expérience est réitérée sur « slipping gypsy », toujours dans le même esprit si ce n’est que des musiciens brésiliens y sont conviés, car partiellement enregistré au Brésil. C’est à ce moment qu’un cabasa est offert par le percussioniste de session Ray Armendo. Cet instrument à billes percutées sera l’autre instrument de scène de Michael Franks après la guitare, mais aussi un marqueur fétiche de ses prestations. En 1978, Michael migre sur la côte Est des Etats Unis et enregistre « Burshfield Nine » avec des musiciens de jazz fusion basés à New York dans lequel Eumir Deodato est crédité à la coproduction au côté de Tommy LiPuma. Avec un hit single au succès modéré par album en radio et de bonnes critiques, Michael Franks peine à sortir du maquis de jazz fusion vocal pour amateurs audiophiles avertis. A partir de 1983, à l’instar de Al Jarreau, il réoriente son répertoire vers des titres moins intellectuels et plus pop en s’associant avec Rob Mounsey à la production artistique. Ce fut « passion fruit », puis deux autres albums de la même trempe : « skin dive » en 1985, et « the camera never lies » en 1987, aux succès d’estime unanime qui ont fait de Michael Franks un artiste entier enfin reconnu à l’international. En 1990, il se relocalise sur la Californie pour enregistrer « blue pacific » ; un album jazz funk à coloration westcoast marquée, sous la houlette de Jeff Lorber, de Tommy Lipuma et de Walter Becker, gutariste du groupe mythique de STEELY DAN. La décennie suivante, avec des albums plus espacées dans le temps, Michael Franks se réoriente vers le jazz fusion à coloration smooth jazz couleur côte Est pour des collaborations fertiles avec Russel Ferrante, Chuck Loeb, Jimmy Haslip, Michael Brecker…Il est difficile de classer les œuvres discographiques de Michael Franks, il peut être référencé comme un artiste de jazz vocal, de pop jazz, ou même de jazz-funk selon l’oreille que l’on porte à ses albums et la sensibilité acoustique émotive de chacun. Certains catégorisent, par erreur, ses albums dans le registre westcoast. Il n’en est rien, la plupart ont été enregistrés sur la côte Est à l’exception de « the art of tea » et « blue pacific » qui l’ont été dans des studios Californiens.  Ils ont bien évidemment évolué sur la forme en suivant les tendances du moment mais tout en sobriété, mais ils ont conservé sur le fond ce qui fait la force et l’authenticité de leur auteur : une poésie chantée et mise en musique comme un peintre garni sa toile avec le meilleurs de ses gouaches. Pour cela il s‘est associé au producteur Tommy LiPuma, maître d’œuvre de ses productions 70’s avec la patte jazz fusion inégalable, puis Rob Mounsey a pris le relai pour parcourir avec lui la décennie 80 où le temps (musical) s’est accéléré avec la mutation de la société. Michael Franks a toujours fait preuve de modération voire même de discrétion à la promotion de ses albums, ayant davantage investi son énergie à leur écriture, leur réalisation plutôt que dans le marketing personnel ou des clips promotionnels. Il sait que ses albums sont attendus avec impatience, il prend son temps pour les réaliser pour ne pas décevoir. Vouloir les classer ou les comparer peut mettre dans l'embarras. On les aime tous plus ou moins à des moments différents, mais chacun raconte une histoire qui nous touche personnellement. Les décennies suivantes, les années se sont accélérées même pour Michael Franks qui n'a sorti 4 albums CD en 20 ans toujours avec la même sincérité qui se traduit à leur production par le souci de leur qualité. Aujourd’hui, après 50 ans de carrière, on peut dire que Michael Franks est un artiste accompli qui s'est réalisé dans la musique, grâce aux lettres qui en ont été les croquis.

Discographie vinyle principale

michael franks - the heart of tea
Face 1 Face 2
nightmoves jive
eggplant popsicle toes
monkey see – monkey do sometime I just forget to smile
St. Elmo’s fire Mr blue
I don’t know why I’m so happy, I’m sad  

Mon avis : un album de jazz fusion bien dans son époque resserré autour d’un noyau dur de musiciens qui excellent dans leur jeu dans des conditions d’enregistrement qui se rapprochent de la prise LIVE, grâce aussi à la neutralité de la prise de son, signature acoustique de Al Schmidt. Le Rhodes® Mark I de Joe Sample, fluide avec de nombreux solo accompagne mélodieusement la voix délicatement posée de Michael sur des mélodies de jazz simples qui le dispense de les sur-interpréter. Les guitares rythmiques strates ou solo sonnent sans autres effets que Larry Carlton semblent vouloir leur donner en tout bon professionnel qu’il est. Wilton Felder, à la basse joue scolairement des lignes de basse jazz sans débordement la rythmique générale. Enfin, les cordes soyeuses sont présentes avec parcimonie quand la mélodie l’impose. « the art of tea » est un sans faute pour Michael Franks qui s’impose avec intelligence dans le genre jazz vocal.

michael franks - bad habit
Face 1 Face 2
baseball on bad habit
inside you loving you and more
all dressed up with nowhere to go still life
♪ lotus blossum he tells himself he’s happy
on my way home to you  

Mon avis : Pour le 1er album de la décennie 80, Michael impose ses compositions lyriques et musicales sentimentales avec un esprit jazz funk A.O.R, sur quelques titres avec un accompagnement chaleureux de cuivres sous l’égide de Jerry Hey et Larry Williams (SEAWIND). Bien évidemment, l’album revient sur ses fondamentaux qui ont fait la matrice des albums précédents, du jazz vocal avec de jolies mélodies et un accompagnement de Rhodes® MarkII tout en délicatesse. Cependant une batterie qui emboite sur la rythmique de début 80. Ces évolutions mineures me fait dire que Michael Franks ne cherche pas innover avec des effets techniques ou instrumentaux, il ressent l’air du temps pour son inspiration qui guide son écriture et ses compositions avec cependant un tropisme pour les mélodies sentimentales et le jeu de musiciens qui les subliment.

michael franks - passion fruit
Face 1 Face 2
alone at night never say die
never satisfied rainy night in Tokyo
amazon tell me all about it
now that your joystick’s broke when Sly calls (don’t touch that phone)
Sunday morning near with you how the garden grows

Mon avis : « passion fruit » est une montée en production ; un nouveau partenariat avec Rob Mounsey, des moyens supplémentaires en termes d’ingénierie du son et instrumentaux ; de nouveaux claviers (Synclaviers II), des recrues de musiciens pointues de New York et une orchestration élargie. L’œuvre de Michael a encore maturé vers le smooth jazz avec un soin particulier accordé aux mélodies plus profondes et introspectives que jamais mises en musique avec une délicatesse infini pour une ambiance de douce mélancolie parfois émouvante de beauté pour les ballades quiet storm. La main de Rob Mounsey y est pour quelque chose, il est celui qui oriente les compositions de Michael vers le début de la synthèse FM, qu’il l’amplifiera par la suite dans ses collaborations avec Michael. « passion fruit » est le meilleur échantillonnage qu’il ai pu apporter à ses productions avec le meilleur de la technique de l’époque pour les compositions les plus abouties de l’artiste au cours de la décennie 80.

michael franks - the camera never lies
Face 1 Face 2
♪ face to face * island life
♪ ♦ I surrender + ♥ now you’re in my dreams
♠the camera never lies ♫ doctor sax
lip service ● innuendo
when I think of us  

Mon avis : Le Yamaha DX7 a été à la seconde moitié de la décennie 80 ce que le Fender Rhodes a été à celle de la  décennie 70. La disponibilité d’un clavier polyphonique à usage de la synthèse FM a permis l’émergence du pop jazz et d’une pléthore d’artistes et de musiciens opportunistes. Michael Franks et son claviériste producteur Rob Mounsey se sont naturellement saisi de cet instrument pour colorer à bon compte les compositions de « the camera never lies » d’une envoutante atmosphère qui plaisait beaucoup à l’époque mais qui peut à présent rebuter les puristes de jazz vocal. Un projet artistique ne peut se défaire de son contexte culturel et « the camera never lies » apparait comme le projet le moins jazzy et le plus pop de la carrière de Michael Franks. "lip service" et "doctor sax" sont les titres funky de l’album « "innuendo" la ballade quiet storm du projet qui pousse très loin l’émotion mélancolique qu’il suscite, le DX7 sert à cela, mais grâce aussi au solo magique d’Earl Klugh à la guitare acoustique.

michael franks - blue pacific
Face 1 Face 2
● the art of love ● speak to me
● woman in the waves ● on the inside
♠ all I need ♦ chez nous
♦ long slow distance ♦ blue pacific
♠ Vincent’s Ear ♠ crayon sun (safe at home)

Mon avis : Retour aux sources où presque pour Michael Franks qui retrouve la Californie le temps d’un album enregistré dans les Studios de Los Angeles au côté de Jeff Lorber, génial artisan-technicien de la programmation synthétique et de Tommy LiPuma son producteur historique qui s’est mis au goût du jour sans renoncer au jeu de musiciens. Entre temps les palmiers ont grandi, la musique de 1990 n’est plus celle de 1975. Bien qu’issu du jazz fusion, Jeff Lorber, pour qui les synthétiseurs sont devenus la panacée, colore de nappes profondes et d’un jeu appuyé aux claviers les pensées funky de Michael. Tommy LiPuma confie les notes bleues électriques à Larry Williams comme deuxième claviériste de luxe, le piano revient à Joe Sample et la guitare à Larry Carlton comme au bon vieux temps. Pour ce qui est des titres produits par Walter Becker, ils maintiennent l’encre dans les tréfonds de l’âme secrète de Michael avec ses écueils qu’une mise en musique avec des artifices de jazz fusion permet de retranscrire. Ceux qui ont eu 20 ans en 1990 ont aimé les titres produits par Jeff Lorber par les rêves de grande bleue qu’ils évoquent avec ces nappes de claviers. Ceux de Tommy LiPuma sont appréciés par les fans d’hier et d'aujourd’hui pour leur classicisme et leur intemporalité ; le titre "blue pacific" qui transcende tous les genres, fut un défit artistique et musical vertigineux que seul un Michael Franks au sommet de son art pouvait composer et interpréter et Tommy LiPuma produire.