« Pour être honoré de leur étoile au Hollywood Walk of Fame, ces stars ont transcendé la culture musicale qui les avait imprégné en un art qui a ébloui le monde»

luther vandross
luther vandross

Luther Vandross est l’auteur, compositeur, arrangeur, producteur, interprète le plus respecté de l’industrie de la R&B/soul des années 80 jusqu’à sa disparition en 2005.
Né Luther Ronzoni Vandross,jr en 1951, il a très tôt baigné dans la musique noire américaine avec les chants gospels de sa mère et l’orchestre de son père. Séduit par les voix féminines de son époque, son destin fut marqué par l’écoute de Dionne Warwick. Sa passion pour la féminité sera sa principale inspiration qui le guidera toute sa carrière en tant qu’auteur et interprète à la fois charmeur et romantique. Il chante occasionnellement dans des formations improvisées, se présente à des concours de chanson amateurs à l’Apollo Theatre de Harlem, mais ses initiatives demeurent sans suite. Il part étudier l’ingénierie électrique dans le Michigan. Puis quelques temps plus tard, il revient vivre avec sa mère. Tout en s’occupant avec des petits boulots, il parvient à vendre une de ses chansons « everybody rejoyce (a brand new day) » aux producteurs de la comédie musicale « The wiz ».
Un jour, il est invité par un ami musicien à assister à l’enregistrement de l’album de David Bowie young americans . Ce dernier, très intéressé, l’utilise comme auteur arrangeur et voix sur le titre « fascination ». Puis, avec une équipe de choristes fraîchement montée, part en tourné avec Bowie pendant un an. Il fait la rencontre de nombreux artistes du sérail dont Bette Midler, Aretha Franklin, Chaka Khan, Arif Mardin (producteur), et bien d’autres dans le milieu de la soul et du pop. Ce qui lui permet de travailler avec eux comme choriste de studio. En 1976, avec une formation montée sur mesure, il enregistre l’album « Luther » chez Cottillion records. L’année suivante, c’est « This close to you ». Ces albums, au succès modeste, n’empêcheront pas le groupe de se séparer. Sa traversé du désert artistique, parsemée de quelques spots télé pour lesquels il prête sa voix, va durer deux ans.

Jusqu’au jour où en 1978 Quincy Jones le contacte et l’emploi comme choriste de tête pour son album « sounds… ». et CHIC qui fait appel à lui pour leur album et celui des SISTERS SLEDGE. En 1979, il rejoint le groupe CHANGE pour chanter deux titres de leur album ; « the glow of love » et « searchin’ ». Son interprétation remarquable de ces deux hits sera son ticket d’entrée chez Epic. Fait important, le contrat lui donne la possibilité de se produire lui même, ce qui signifie que le label lui donne une totale liberté de choisir ses musiciens, les arrangeurs…Il a toutes les cartes en main pour se faire un nom avec sa propre musique.
En 1981, le titre « never too much » se classe n°1 des ventes pendant deux semaines. L’album du même nom fut double disques de platine. Les cartes sont jetées.
En 1982, il produit son deuxième album « forever, for always, for love » qui confirme un style et marque une collaboration étroite et fructueuse qui durera tout au long de sa carrière avec le bassiste et artiste de talent :Marcus Miller. Il produit aussi l’album d’Aretha Franklin «jump to it » dont le hit du même nom, n°1 des ventes, va relancer la carrière d’Aretha, atone depuis plusieurs années. En 1983, Luther va à nouveau rencontrer le succès avec « busy body » qui renferme le duo avec Dionne Warwick : « how many times can we say goodby ». Sur cet album, Luther Vandross et Marcus Miller (Coproducteur) orientent les arrangements des morceaux dance vers un son plus funky en cédant sur les mélodies ; moins typés blues/soul, et en ayant recourt plus systématiquement aux synthétiseurs et aux effets de mixage.
L’année 1985 fut à marquer d’une pierre blanche puisqu’elle correspond à la sortie du plus bel album de Luther « the night I fell in love » qui consacre un artiste épanoui et émancipé qui, renouant avec ses racines R&B, nous plonge dans un univers soul jamais exploré auparavant. Cet album fut récompensé double disque de platine. L’album suivant ; « give me the reason » lancé en 1986 avec une visée plus commercial donnera un hit classé n°1 et B.O. du film « restless people ». Il renferme en outre un duo avec l’acteur/joueur de claquettes Grégory Hines. Il faudra attendre 1988 pour que Luther reprennent un peu d’inspiration avec l’album smooth soul « any love » qui est à mon goût le deuxième album essentiel de sa carrière. En 1989, « the best of love » ; une compilation de ses meilleurs titres, se vend à trois millions d’exemplaires avec un inédit : « here and now » qui se classera 6ème dans les charts. On remarque aussi qu’au fur et à mesure que son succès grandit, Luther gagne un public plus large que le milieu afro-américain.
En 1991, « the power of love » lui rapporte cinq nouveaux grammy awards. Cet album qui est dans le prolongement artistique et musicale de « any love », est le dernier grand album R&B / soul de Luther. Ceux qui suivent sont autant des opportunités commerciales qu’une course derrières les tendances groove et new R&B du moment, même si Luther rencontre encore le succès auprès d’un public bien plus jeune que lui.
Au printemps 2003, Luther est victime d’une attaque cardiaque qui le laisse diminué jusqu’à la sortie de son dernier album studio « dance with my father ». Il remporte un ultime Grammy Award avec la chanson titre de l’album. Affaibli, il s’éteint le 5 juillet 2004 à l’âge de 54 ans. Il nous laisse en héritage une immense discographie et la mémoire de celui sans qui la musique noire R&B/soul ne ressemblerait pas à ce qu’elle est aujourd’hui.

DISCOGRAPHIE VINYLE

  • Luther (Cotillion/Atlantic) 1976
  • This close to you (Cotillion/Atlantic) 1977
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luther vandross - never too much

Mon avis : Comme un coup de poing dans un gant de velours, Luther Vandross impose son style ; une voix R&B/soul feutrée, un noyau rythmique musclé qui repose sur basse très présente et un jeu de guitare accrocheur. Des partitions de piano et une orchestration de cordes luxueuse et classique donnent un cachet valorisant et sont un gage de sérieux dans l’écriture des mélodies. Les morceaux rythmés peuvent satisfaire pleinement les amateurs de funk averti et les ballades répondre aux exigences de ceux qui aiment la grande musique.

luther vandross - the night I fell in love

Mon avis : Luther nous invite à partager son univers artistique à contre courant sur la forme de ceux d’autres artistes de son époque. L’orgue de Billy Preston du 1ère titre de l’album rythmé swing en est un signe, Luther privilégiant une instrumentation classique qu’un recourt excessif à la programmation synthétique ; à rebours de la tendance en 1985.
Sur le fond, les envolés soul de Luther à la voix légère et posée, sont planantes. Le jeu de basse en slap de Marcus Miller, les voix de chœurs satinées, des effets sonores distillés de synthétiseur participent à la création de cette atmosphère. Les ballades, accompagnées au piano, laissent entendre le souci de susciter l’émotion par une écriture classique des mélodies. « creeping » ; reprise de Stevie Wonder, confirme la tonalité groove tranquille de l’album conçu pour s’installer dans la durée comme un grand classique et, depuis la disparition de Luther, une œuvre éternelle bien que méconnue.

luther vandross - any love

Mon avis : Avec « any love », Luther nous sert sur un plateau une production de niveau rarement égalé. Tout en prenant sa place dans la catégorie R&B/soul, cet album côtoie les sommets en termes de maîtrise des arrangements et des techniques d’enregistrements. Relativement chargé de sons synthétiques, l’album ne nous fait pas oublier les influences musicales qui inspirent l’auteur depuis ses débuts. « I know you want to » ; certainement une de ses plus belles ballades, est servi par une prestation de pianos électriques à la textures rarement entendues. « any love » et « love won’t let me wait » sont deux ballades qui s’inscrivent dans la tradition de l’auteur, dont la voix peut effleurer comme une caresse où percer comme une complainte. « are you gonna love me », d’esprit pop, est un summum de musicalité et démontre la recherche d’universalité dans la musique de Luther Vandross.

luther vandross - the power of love
luther vandross - never let me go